Le Londonien Archy Marshall, 19 ans, a sorti son premier album « 6 Feet Beneath the Moon » sous le nom de King Krule. Kubrick, Elvis, Illuminati et Chelsea : rencontre avec un drôle de lad.
King Krule, Edgar The Beatmaker, Zoo Kid… Tu utilises beaucoup de pseudos. Tu n’aimes pas ton vrai nom, Archy Marshall ?
King Krule – Si, bien sûr ! Je l’utiliserai sûrement un jour. Mais pour le moment, j’aime avoir des pseudos culottés !
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King Krule, c’est une référence au personnage de King K. Rool dans Super Mario Bros ?
Non, à King Creole, le film avec Elvis Presley, et à Kid Creole & The Coconuts (groupe fondé par Kid Creole en 1980 et toujours en activité – ndlr). C’est un mot que j’ai inventé un soir, qui a un sens très vague. Ça veut dire le roi sans bras ni jambes qui se déplace dans la ville en rampant, le roi prolétaire.
Elvis Presley fait partie de tes influences ?
Oui. Un des morceaux d’ouverture du film a beaucoup influencé ma façon de chanter et mon approche de la composition. Je suis très fan de rockabilly.
Comme Elvis, tu te verrais faire du cinéma ?
Oui, je suis fan de cinéma, surtout de Stanley Kubrick, mon réalisateur préféré. J’adore Shining. Le film m’intriguait tellement que j’ai lu le livre de Stephen King et, je ne vais pas te mentir, je préfère l’histoire telle qu’elle est dans le livre, le personnage y est plus creusé. Mais si Kubrick s’est éloigné du livre, il lui a apporté quelque chose d’extraordinaire, de très beau.
Tu qualifies ta musique de “blue wave”…
J’aime la sonorité de ces mots ! Ça fait référence à une période où je déprimais et où j’avais l’impression qu’une vague bleue me submergeait. Désormais, je vois plus ma musique comme quelque chose de noir.
Tu t’intéresses à d’autres groupes actuels ?
Mount Kimbie, Warpaint, et des groupes hip-hop comme Ratking de New York ou Metro Zu de Miami. J’ai beaucoup communiqué et travaillé avec Odd Future. Il y a plein de musiciens qui ont le même état d’esprit et qui vont dans des directions semblables. On veut jouer ensemble, créer ensemble. Je reviens d’une tournée en Australie où j’ai pu voir Savages, Warpaint, Mount Kimbie, Earl Sweatshirt, Danny Brown. C’était génial, j’étais entouré de mecs talentueux que j’adore.
Là-bas, tu as enregistré avec Earl Sweatshirt et les moitiés de Warpaint et de Jagwar Ma…
C’était à Sidney. Je me suis réveillé à l’hôtel vers 1 heure du matin. Je suis descendu à l’accueil et là, Jonto (Danilewitz, producteur australien – ndlr) discutait avec les filles de Warpaint, Earl d’Odd Future et Jono de Jagwar Ma. Je suis monté en voiture avec eux et on est allés dans un studio. On a fait de la musique tous ensemble, une sorte de jam jusqu’au lever du soleil.
Vous allez sortir quelque chose ?
Je ne sais pas. On a fait des super trucs… C’est enregistré en tout cas.
Tame Impala a repris Stranger in Moscow de Michael Jackson. Toi, tu opterais pour quoi ?
J’ai déjà fait Stand by Me de Ben E. King et Rock the Casbah. Aujourd’hui, je choisirais sûrement Diamonds on the Soles of Her Shoes de Paul Simon.
Ça fait quoi d’avoir commencé si jeune ?
J’étais accroché à ma guitare, je passais mon temps à jouer, du coup j’ai laissé tomber l’école. C’était la meilleure décision de ma vie. J’ai grandi avec internet, ça m’a permis de découvrir plein de trucs. YouTube m’a rendu dingue, je passais des heures à regarder des live, des clips, des émissions comme Top of the Pops.
Tu penses quoi du téléchargement ?
Je m’en fiche, moi aussi je télécharge illégalement. Le seul truc qui me dérange, c’est que ça nous éloigne du support physique. J’écoute toujours beaucoup de vinyles. Mettre l’aiguille sur une galette est une expérience physique. Internet permet d’écouter et de lire ce que l’on veut ; du coup, on prend tout pour acquis, les gens sont habitués à tout trouver tout de suite, ça enlève une grand part de mystère…
Il y a un sujet d’actu que tu suis particulièrement ?
L’histoire de l’avion qui a disparu. J’ai pris un vol une semaine avant sur la compagnie Malaysia Airlines.
Tu t’intéresses à la politique en Angleterre ?
Oui. Je vis dans un quartier de Londres très touché par la pauvreté. Ma mère était employée en freelance dans le secteur public et s’est retrouvée au chômage. Le gouvernement se ridiculise dans sa façon de dépenser notre argent, notamment dans les salaires des hommes politiques.
Ça te plaît de vivre dans une monarchie ?
Je déteste la monarchie britannique. Ils possèdent nos terres et on doit leur payer des impôts sans raison. Pourquoi existent-ils à part pour alimenter le tourisme ?
Tu as un avis sur le référendum à propos de l’indépendance de l’Ecosse ?
Ce serait mauvais que l’Ecosse nous quitte, elle fournit la majorité des électeurs du Parti travailliste. Il n’y aurait presque plus de votes à gauche, le Royaume-Uni serait dans la merde. Mais je ne suis pas un expert… Moi, je suis plus habitué à regarder des vidéos sur les Illuminati en étant défoncé ! (rires)
Chelsea ou Arsenal ?
Chelsea ! Je ne suis jamais allé au stade, c’est trop cher, je regarde à la télé. Les seuls matchs auxquels je vais, ce sont ceux de petites équipes locales.
L’Angleterre va-t-elle gagner la Coupe du monde ?
(rires) Non, je ne suis pas stupide. J’espère que la République tchèque va gagner, j’ai de la famille là-bas.
Des projets pour cet été ?
De très longues vacances dans le Sud de la France, près de Toulon. Je compte faire du canoë, organiser des fêtes et enregistrer de nouveaux morceaux. J’ai souvent passé mes vacances en France parce que mon oncle sort avec une fille de Marseille. La France, c’est la liberté.
Tu parles français ?
Oui (en français) ! Non, je blague. Je ne parle même pas vraiment anglais. Je ne peux pas parler de langues en fait, je suis un sans-langues.
Tu te sens punk ?
J’ai toujours eu une vision assez libre de la musique. Je n’ai jamais appris à jouer de la guitare, je joue et je vois ce qui sonne bien. La façon dont je chante, comme si je crachais les mots, se rapproche du punk.
Pour toi, c’est une philosophie de vie ?
Tout à fait. J’ai l’impression que je ne changerai jamais, que rien ne pourra jamais me changer.
Concerts le 4 avril à Paris (Cigale), le 5 à Lyon
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