Avec Huis, d’après Michel de Ghelderode, le metteur en scène flamand à son meilleur fait exister un univers doucement vrillé et profondément humain, à la lisière du fantastique entre vie et mort.
Découvrir ou redécouvrir Michel de Ghelderode dans une mise en scène de Josse de Pauw est une chance rare. Il faut en effet posséder comme lui une oreille sensible aussi bien mystère qu’à la folie des hommes ainsi qu’un goût prononcé pour la truculence si l’on veut traduire sur scène les situations exposées dans Huis, spectacle en forme de diptyque, composé des pièces Le Cavalier bizarre et Les Femmes au tombeau. L’ensemble s’insère parfaitement dans l’espace du cloître des Célestins où tout, jusqu’au vent et à la lune légèrement voilée, contribue à la magie de situations intemporelles aux résonances métaphysiques.
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La musique composée par Jan Kuijken fait corps avec la dramaturgie. On pourrait presque parler de théâtre musical ; le chant et les vocalises étranges participant à l’atmosphère doucement vrillée du spectacle. Comme dans un conte d’autrefois, des vieillards endormis sont visités par la mort. Seul l’un d’entre eux voit et entend ce qu’il décrit comme « une ombre chevauchant une ombre ». D’abord effrayés, les autres se mettent à danser et rire avant de paniquer de nouveau devant la proximité du trépas. Plus tard, coiffés de chapeaux de carnaval, ils chanteront des mélopées incantatoires hallucinées. Le second volet confronte des femmes en veille sur fond de crucifixion. Il suffit à chacune d’elles de quelques mots pour exister. L’ensemble produit un tableau saisissant et profondément humain. Un souffle passe dans tous ce spectacle qui n’est pas seulement celui du vent dans les arbres. Du très grand art.
Huis, d’après Michel de Ghelderode, mise en scène Josse De Pauw, musique Jan Kuijken, avec pour Le Cavalier bizarre Stef Cafmeyer, Josse De Pauw, Mark De Proost, Philippe Flachet, Pol Steyaert, Freddy Suy ; pour Les Femmes au tombeau Ruth Becquart, Reinhilde Decleir, Kristen De Proost, Steve Dugardin, Lorenza Goos, Blanka Heirman, Ilse Moors, Ers Olaerts, Eva Schram, Iris Van Cauwenbergh. Jusqu’au 17 juillet à Avignon. Dans le cadre du festival d’Avignon.
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