Depuis plusieurs saisons, la petite descendante de « Friends » décevait, laissant craindre le pire pour son dénouement. La neuvième et dernière saison de « How I Met Your Mother » s’est achevée ce 31 mars aux US, et le pire est en effet arrivé.
Attention, si vous n’avez pas vu le final de How I Met Your Mother, cet article contient des SPOILERS.
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« Le final de HIMYM a laissé tomber le show entier« , « Comment ils nous ont tous escroqués« , « Neuf ans d’arnaque » et autres expressions de sentiment d’ultime trahison sur Twitter : le dernier épisode de How I Met Your Mother aura réussi à faire autant parler de lui que ses créateurs Carter Bays et Craig Thomas le souhaitaient, mais sûrement pas de la manière qu’ils auraient voulu anticiper. Depuis la diffusion ce lundi 31 mars du final de la série, les réactions de déceptions, voire de colère, s’enchaînent, ce dernier étant jugé tout sauf « legendary« .
A bout de souffle
Depuis plusieurs saisons déjà, How I Met Your Mother semblait avoir perdu ce qui faisait d’elle une bonne sitcom. Pour certains, le charme fut rompu lorsque Barney et Robin se mirent en couple (tuant dans l’œuf le potentiel womanizer du personnage de Neil Patrick Harris), pour d’autres lorsque Marshall et Lily eurent un bébé (et que le groupe de trentenaires insouciants n’était plus), mais finalement qu’importe. Depuis plusieurs saisons, ce qui faisait la force de la série, la fraîcheur de ses acteurs, les runnings gags compris par ses aficionados comme des privates jokes, et la dimension romantique rarement cheesy, s’est détériorée pour laisser place à une caricature. A quel moment l’hyper talentueux Neil Patrick Harris n’a plus réussi à faire rire à coups de « awesome », « legendary » ou « wait for it »? Pourquoi avoir autant fait dire à Alyson Hannigan « you son of a bitch » de manière forcée? Quand a-t-on cessé d’attendre les explications des innombrables mystères parsemés par les scénaristes (cf. l’ananas et TOUS les autres)?
Si l’on a du mal à dater avec exactitude le moment où HIMYM a commencé à plus nous lasser que de nous faire rire (voire juste sourire), on est bien obligé d’admettre avoir suivi cette dernière saison uniquement par nostalgie des premières années de vie de la série. Et bien sûr pour avoir enfin une réponse à l’ultime question : comment Ted a donc rencontré la mère de ses enfants ? Ce fut une des forces mais aussi (et finalement surtout) grandes faiblesses de la série, entièrement construite autour de/vers/pour son dénouement. L’inexorable romantique Ted Mosby raconte à ses enfants durant neuf saisons comment il a rencontré leur mère, et à travers ce qui le mène à cette rencontre comme il vécut ses années de jeune adulte. Le problème ? Ce qui prend neuf ans à être raconté va finalement pouvoir être résumé en une phrase et les créateurs de la série ne vont pas s’adapter à l’étirement sur neuf longues saisons d’une sitcom qui aurait pu n’en faire que quatre ou cinq.
Le Lost des sitcoms
On n’ira pas jusqu’à dire que le mystère de l’ananas oublié sur la table de chevet nous a autant valu des nuits blanches à se gratter le cerveau que l’ours polaire dans Lost. Mais on peut quand même constater que pour une sitcom, How I Met s’appuyait énormément sur un quotient « mystères ». Intrigue à tiroirs, généalogie des personnages, flashbacks et flashforwards à la pelle, tous ces procédés étaient censés servir l’histoire de la rencontre de Ted et la future mère de ses enfants.
A la fin de la saison 8, on la rencontre enfin cette fameuse inconnue autour de laquelle tourne la série. Incarnée par Cristin Milioti, elle est même ce qu’il y a de mieux dans cette neuvième saison. Le vent de fraîcheur qui manquait tant à la série depuis longtemps. Une note de légèreté dans la redondance devenue plutôt insoutenable des comiques de répétitions. Les 24 derniers épisodes avaient donc pour mission de raconter comment cette femme que l’on voit prendre un billet de train à la fin de la précédente saison va devenir l’amour de la vie du narrateur, la mère de ses enfants et pourquoi cette rencontre aura été entourée de tant de mystère, et aussi capitale à raconter.
Malheureusement sur 24 épisodes, 23 d’entre eux ont majoritairement consisté à relater le mariage incongru de Barney et Robin. Une histoire simple étirée sur neuf années donc, et un simple mariage sur 23 épisodes censés résoudre à la base de nombreuses intrigues antérieures. Il n’en sera bien sûr rien. Pire : avec son épisode final, HIMYM laisse son spectateur abandonné sur le bord de la route, sûr d’une seule chose : ces 23 épisodes n’auront servi à rien. L’événement capital de la saison sera soldé par un divorce, le but de la série (la fameuse rencontre) par un décès, les chassés-croisés innombrables entre Ted et sa future femme expédiés et racontés en trente secondes sous un parapluie jaune, et les personnages, autrefois chéris, semblent figés dans le temps et incapables d’évoluer (Barney et son Bro Code a 40 ans passés, Robin femme esseulée attendant son prince charmant des années)… Drôle de happy end.
Alors que des théories malheureuses envahissaient la toile il y a quelques semaines sur la possible mort de la mère provoquant déjà la fureur des fans, How I Met Your Mother a encore une fois déçu et tourné en rond. « Kids, cette histoire de la rencontre avec votre mère n’est qu’un prétexte hein, en fait je veux juste me remettre avec votre tante Robin« . Si Ted Mosby raconte l’histoire de la rencontre avec son « âme sœur » à ses enfants, c’est en effet parce que leur mère est morte six ans plus tôt et qu’il veut leur montrer à quel point la genèse de cette histoire le lie à son autre amour de jeunesse, Robin. Pourtant, ce « retournement » de situation est en fait attendu depuis le premier épisode, mais camouflé à coup de « Tante Robin » (non ce n’est pas la mère et ce n’est pas l’histoire que je vous raconte), de mariage de celle-ci avec Barney, et de va et vient entre les deux personnages qui nous convainquent totalement qu’ils n’ont rien à faire ensemble.
Le pilote de la série montrait Ted complètement envouté par Robin, les 206 épisodes suivant nous convainquaient d’un autre dénouement dans la vie du héros, et le dernier revenait à la case départ. Si les premières saisons constituent toujours en soi un très bon début de sitcom, l’une des plus attachantes des années 2000, on ne peut s’empêcher, à la lumière de sa conclusion, de se demander si How I Met Your Mother n’était pas surtout « Comment parler neuf ans pour ne rien dire ».
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