Le week-end dernier, on s’est rendu à Brest à l’occasion de la vingtième édition du festival Astropolis. Au programme : Jeff Mills, LFO, une grande roue, Laurent Garnier, des auto-tamponneuses, et pas mal de neurones en moins pour un bordel toujours aussi réjouissant. On y était, on vous raconte.
Cette année, on s’était bien dit qu’on n’allait pas rater les vingt ans de l’un des meilleurs festivals house et techno français. Surtout que cette fois, le festival Astropolis a vu les choses en grand, en invitant une liste d’invités prestigieux. Le festival est réputé pour son ambiance à la fois spontanée et rafraîchissante, qui fait la part belle au public (motivé et chaleureux) et à la programmation (à chaque fois pointue et éclectique), et cette atmosphère se ressent dès notre arrivée.
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Astroclub : « Il y a un drone sur la mouette »
Pour la première nuit, notre préférence ira au club La Suite. On y trouve aussi bien des barres verticales que des boules à facettes, d’ailleurs au début c’est un peu l’enfer, avec une ambiance disco de fin de soirée (alors qu’on est en début de soirée), les samples assez cheap du début du set de Motor City Drum Ensemble n’arrangeant pas les choses. Clope au bec, casquette sur la tête, enchaînant les phases afro-beat à la fois percutantes et tranquilles, le producteur fait heureusement rapidement basculer la soirée vers des auspices plus heureux. Lorsque débarque Derrick May, le public répond d’ailleurs présent, visiblement cueilli à point.
L’un des pères fondateurs de la techno de Détroit n’aura pas à forcer son talent, présentant un set tout ce qu’il y a de plus classique et classieux. Le type sait appâter son public : ses enchainements sont à la fois fluides et percutants, à la différence de ceux de Rødhåd, qui arrivera juste après, et que l’on attendait pourtant. Petite déception pour le résident du Berghain, donc : si les transitions de Derrick May étaient à la fois fluides et percutantes, celles du DJ berlinois sont quant à elles plus poussives, systématiques et prévisibles. De la minimale avec du muscle, en somme.
Des auto-tamponneuses, une grande roue et des mecs à terre
Le lendemain, on se rend à la soirée principale qui se déroule au Manoir de Kéroual, cette fois-ci en plein air. Dès le début, on se rend compte qu’Astropolis, c’est Saint-Jacques de Compostelle et les 12 travaux d’Hercule en un festival : une quête qui se gagne par étapes. Sur le chemin qui mène au manoir, un type déguisé en crocodile vomit sur le côté et déclare déjà forfait -il est 23 heures. C’est pas grave, on a revêtu nos bottes et nos impers, la météo ayant de toute façon décidé de ne nous accorder aucun cadeau.
Vers 1h30, on se rend à la Cour, pour voir le set de Xosar. Objet de tous les fantasmes des lecteurs de GTI Mag, la jeune femme offre une prestation malheureusement plombée par de gros problèmes de son. Jeff Mills arrive ensuite : la maîtrise de son set est totale. Sur une rythmique faussement identique, les montées s’étiolent, pour exploser lorsqu’on ne s’y attend pas. Bravo.
On navigue entre les différentes scènes que nous offre le festival, et on s’arrête notamment à l’Astrofloor, où LFO livre une prestation monstrueuse, tandis que Skream enchaine en faisant le boulot. On passe à la scène Mekanik, et forcément ça tabasse. En même temps Lenny Dee vient de commencer. Un type, visiblement échaudé et avec des peintures de guerre sur le visage, se balade parmi la foule en criant : « Brest en Ligue 2 ! Brest en Ligue 2 ! ». On ne sait pas trop ce qui lui arrivera par la suite. On discute un peu avec des festivaliers, et sans surprise, on trouve principalement des Bretons, venus en masse pour Astropolis. Pour Natasha et Aymeric, qui viennent depuis plusieurs années, « C’est le plus beau festival, les artistes et l’organisation sont super, d’ailleurs l’ambiance renvoie à ça. On sent quand même que ça grossit, il y a plus de flics qu’auparavant, le festival s’est démocratisé donc il y a plus de sécurité. Mais ça reste quand même bien, c’est ouvert sur la population, et on y retrouve un vrai esprit de communauté ».
On fait un tour à la scène Chill Out, où Dr Paterson des mythiques The Orb se produit devant des festivaliers étendus sur l’herbe. On repasse par L’Astrofloor, où la (fausse) surprise arrive, en la personne de Laurent Garnier et de Manu Le Malin, pour un final tout en symbole pour ces deux historiques d’Astropolis. C’est exactement ce qu’on demandait : un set bon enfant, maîtrisé juste ce qu’il faut et qui fédère un public infatigable qui se donne sans compter jusqu’au bout de la nuit…enfin du matin pour le coup. C’est la fin, on n’aura pas vu le temps passer. On ne sait nous-mêmes plus trop où on est, ni même qui on est à cette heure-ci, mais qu’importe : pour sa vingtième édition, Astropolis nous aura encore offert un bordel réjouissant, qu’on aurait d’ailleurs bien du mal à dénicher dans un autre festival.
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