“Cette chanson est dédiée à quelques-uns des meilleurs groupes du pays, des groupes que nous n’entendrons jamais, qui ne sortiront jamais un disque, dont on ne parlera jamais dans la presse.” Ainsi commence ce premier album, par le récent single Sweeping the nation. Sweeping the nation, comme balayer le pays, balayer la pop anglaise de […]
« Cette chanson est dédiée à quelques-uns des meilleurs groupes du pays, des groupes que nous n’entendrons jamais, qui ne sortiront jamais un disque, dont on ne parlera jamais dans la presse. » Ainsi commence ce premier album, par le récent single Sweeping the nation. Sweeping the nation, comme balayer le pays, balayer la pop anglaise de sa pose nombriliste, de sa fatuité et de son carriérisme. Depuis combien de temps n’avait-on pas entendu une voix aussi sincère ? Lorsque commence We’re going out sur le même ton : « Je sais que rien ne semble plus pouvoir t’exciter, je sais ce que ça fait de ne plus avoir de perspectives » , on est pris de chair de poule. Avec Spearmint, c’est le passé qui surgit, un passé que, de Blur à Oasis, on avait fini par oublier, une époque pas si lointaine où il existait des groupes comme les Woodentops ou les Orchids, où Creation n’était pas encore une multinationale et où « indie » signifiait encore quelque chose. En défendant la cause des groupes anonymes, Sweeping the nation, petit hymne d’indie Northern soul, est devenu Single of the week dans le NME. Le cynisme et la récupération sont sans limite. Comme le constate Bis, autre bande de rebelles de poche, « la pop-music n’est pas morte, elle n’a simplement plus de direction » (Action & drama, sur Social dancing). Sauf celle de la rentabilité, des doubles singles, des concerts à la chaîne. On est presque surpris que la bête pop de Spearmint ait réussi à parvenir jusqu’à nous, qu’elle ne soit pas restée confinée aux circuits souterrains de l’internationale du 45t d’où elle donnait de réjouissants signes de vie depuis quelques années. A Week away n’est peut-être pas un grand disque, mais c’est un disque sain. On sent que personne n’est venu poser ses sales pattes dessus. C’est un disque simple, émouvant, parfois enthousias-mant (Isn’t it great to be alive, A Trip into space), un disque qui sans être indispensable est pourtant vital. Car Spearmint vient nous rappeler à point nommé que la pop est avant tout un art de proximité, qu’une chanson est une conversation intime mise en musique, que c’est en chantant pour lui-même qu’un groupe chante le mieux pour les autres. Un grand album de pop ne se fait pas en invoquant une muse lunaire mais en regardant en soi et près de soi.
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