Les retrouvailles de Tony Allen et Damon Albarn, le jazz afro-latin d’Arturo O’Farrill et le Pérou psyché du Cumbia All Stars, c’est le tour du monde musical proposé par Louis-Julien Nicolaou.
Tony Allen, the Greatest
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Le jour où on se mettra à la prière, on n’oubliera pas de remercier le Créateur d’avoir donné vie à Tony Allen, rythmicien de génie, fondateur de l’afrobeat aux côtés de Fela et caresseur de peaux d’une incroyable élégance. Après avoir réalisé l’excellent African Woman de Sia Tolno, Allen s’apprête à sortir un nouvel album, Film of Life. Hommage aux migrants africains, Go Back, le premier single qui en est extrait scelle ses retrouvailles avec Damon Albarn dans un dialogue où la sensualité le dispute à la mélancolie. Une splendeur.
Virage soul pour Faada Freddy
Faada Freddy est de ces êtres magnétiques qui par la seule force de leur voix peuvent soulever une salle entière. Connu au Sénégal comme membre de Daara J Family, il prend un virage soul et gospel pour son premier EP en solo, 12 minutes de musique organique (chaque son est produit par la voix ou une frappe corporelle) à couper le souffle, portée par une âme en quête de grâce, prélude idéal à l’album The Gospel Journey dont la sortie est prévue pour l’automne. A retrouver le 20 juillet au Parc Floral, en compagnie de Fatoumata Diawara et Roberto Fonseca, dans le cadre du festival Paris Jazz.
Le psyché péruvien du Cumbia All Stars
Depuis la formidable aventure du Buena Vista Social Club, on sait que les pépés ne se réunissent pas seulement pour jouer à la belote : s’ils chantent encore, leurs airs auront la souplesse et la saveur des meilleurs crus. C’est le cas du Cumbia All Stars, formation où officient huit vétérans du psychédélisme péruvien bardés de guitares électriques et de percussions. Connaissant parfaitement, pour les avoir mille fois empruntés, les sentiers de la cumbia d’Amazonie, ils font parler la poudre dans un Tigres en Fuga à la démesure tranquille, piment d’hallucinations hédonistes et de bringues apaisées.
La synthèse afro-latine et jazz d’Arturo O’Farrill
Compositeur et arrangeur ambitieux, Arturo O’Farrill a invité le harpiste Edmar Castañeda, le virtuose du scratch DJ Logic et une foule de percussionnistes africains, sud-américains et japonais à venir gonfler les rangs de son Afro Latin Jazz Orchestra pour donner une dimension symphonique à The Offense Of The Drum. D’un classique de la Nouvelle-Orleans (Iko Iko) à une déchirante Gnossienne de Satie, d’une réflexion sur le rôle joué par les tambours dans les luttes populaires (The Offense of The Drum) à une épopée retraçant l’histoire des Latins aux Etats-Unis (They Came), la musique déployée dans cet album donne le vertige par l’ampleur de ses vues et la perfection de sa réalisation.
Le Đờn Ca Tài Tử, tradition du Mékong
Né à la fin du XIXe siècle, le đờn ca tài tử est une tradition musicale et vocale du Vietnam du Sud qui allie brillance, douceur et raffinement dans les sonorités délicates de luths, vièles et cithares discrètement soutenus par de petites percussions. En publiant Musique de chambre du delta du Mékong, superbe recueil de pièces illustrant cette tradition, le label INEDIT se montre fidèle à sa vocation de toujours, la préservation de patrimoines musicaux menacés par la vulgarisation massive des standards occidentaux. Un travail magnifique et salutaire.
Le flamenco de l’Âge d’or
Bien sûr, on regrette les approximations du livret et le manque de cohérence de la sélection (prédominance de la bulería et des fandangos sur le cante jondo). La compilation Grandes Personajes del Flamenco éditée par Le Chant du Monde demeure néanmoins une bonne introduction au flamenco des années 50 et 60, ne serait-ce que parce qu’elle convoque les meilleurs cantaores de cette époque (Caracol, Terremoto, Mairena, la Paquera…) ainsi que les trois pères fondateurs de la guitare flamenca soliste, Ramón Montoya, Niño Ricardo et Sabicas. A noter que le même label vient de publier des compilations dédiées au fado (Amalia Rodrigues & The Legends of Fado) et au tango (Tango Legens from Gardel to Piazzolla).
https://www.youtube.com/watch?v=CrND-zjrOGA
Trois festivals pour juillet
Le festival Black Summer du Cabaret Sauvage propose une affiche à tomber par terre, avec des légendes de la soul (l’immense Bettye Lavette, le 14), du blues (Taj Mahal, le 15), du reggae (Bunny Wailer, le 20), du funk (George Clinton le 24, Fred Wesley le 29) et de l’afro-funk (Bibi Tanga le 29, Poly-Rythmo de Cotonou le 30, Cheick Tidiane Seck le 31). Ajoutez à cela du maloya (Christine Salem, le 16) et de la cumbia chilienne (Chico Trujillo, le 23) et, si du 14 juillet au 2 août vous êtes parisiens, vous savez maintenant où planter votre tente.
Pour sa 10e édition, le festival Terres du Son (domaine de Candé à Monts, près de Tours) programme notamment les 11, 12 et 13 juillet, David Krakauer, Ken Boothe, Nathalie Natiembé et Winston McAnuff & Fixi.
Du 14 au 20 juillet se tient également le festival Les Suds à Arles, l’occasion de retrouver l’Amsterdam Klezmer Band, Chucho Valdés, Esperanza Fernández, Susheela Raman, Çiğdem Aslan ou encore les enchanteurs Kayhan Kalhor et Erdal Erzincan. A ne pas manquer, le 16 juillet, les stupéfiantes polyphonies fouettées de rythmes barbares de Dakhabrakha.
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