La Journée de l’égalité salariale est l’occasion d’envisager les solutions que le gouvernement pourrait mettre en œuvre pour pallier les différences de salaire entre hommes et femmes.
Najat Vallaud-Belkacem avait préparé le terrain depuis hier. Dimanche soir, la ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports avait annoncé sur Twitter la création d’un « outil inédit, pratique et gratuit pour aider les femmes à progresser dans leur carrière ».
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Ce matin, l’application était disponible. Intitulée « Leadership pour elles », elle est censée « aider les femmes à progresser dans leur carrière ». L’idée ? Prodiguer de nombreux conseils sous forme de « pearltree » comme « Savoir booster sa carrière », « me positionner pour défendre mes projets » ou encore « savoir faire face au sexisme ». Si la présentation a des airs de quizz de magazine féminin un peu dépassé, le travail d’explication se veut à la fois complet et pédagogique.
Leadership pour Elles, l’appli pour aider les femmes à progresser dans leur carrière http://t.co/Hby9RanTCh via @najatvb
— Najat Belkacem (@najatvb) 7 Avril 2014
En lançant cette application pour iPad et iPhone, la ministre montre qu’elle cherche à agir sur la psychologie, le sexisme et les stéréotypes. Le but ? Combattre les inégalités de salaire entre femmes et hommes. Selon une étude de l’Insee publiée en mars 2013, les hommes salariés dans le privé gagnent encore 28 % de plus que les femmes, à compétences égales. Un pourcentage qui a tendance à baisser, mais qui reste trop important, malgré les lois sur l’égalité salariales qui existent depuis plus de vingt ans.
Comment faire pour continuer de réduire significativement ces écarts ? Voici d’autres solutions.
• La méthode Obama
Le président des Etats-Unis signera demain deux décrets pour obliger les entreprises engagées par l’Etat (soit ¼ du travail aux Etats-Unis) à supprimer les écarts de salaires entre leurs employés hommes et femmes. Le premier : interdire aux patrons d’empêcher leurs employés de discuter publiquement de leurs salaires. De quoi permettre aux femmes de contester leur employeur si elles apprenent qu’un collègue gagne plus qu’elles, à compétences égales.
Le deuxième : obliger les patrons à rendre des comptes, sous forme de tableaux, sur les salaires de tous leurs employés, organisé par race et par genre. Une manière de rendre évidentes les inégalités, en comparant tout simplement deux chiffres, mis côte à côte.
• Augmenter les contrôles
Chris Blache, cofondatrice de l’association Genre et Ville, le résume clairement : « La législation est déjà en place. Si les inégalités ne se résorbent pas, c’est que ça ne va pas ailleurs. Il est inutile de continuer à créer des lois les unes sur les autres. »
Sa solution : augmenter le nombre d’employés en charge de contrôler que les entreprises respectent bien la loi. D’après Clémence Helfter, militante pour l’association Osez le féminisme ! et bloggeuse pour Libération, « les entreprises ne sont pas, dans les faits, contraintes de respecter [les lois]. Seuls 40 % des entreprises rédigent un rapport de situation comparée, alors que c’est obligatoire depuis 1983 ». Renforcer les contrôles pousserait les entreprises à remplir des rapports et leur rendrait plus difficile de cacher les inégalités de salaire.
• Rendre les peines rétroactives
Pour l’instant, les lois pour promouvoir une égalité de salaire entre hommes et femmes ne s’appliquent pas rétroactivement. Cela signifie que si une entreprise se fait contrôler, elle devra payer une amende et égaliser les salaires de ses employés, mais pas rembourser les femmes pour les années passées dans l’entreprise avant la punition.
« Cela veut dire que les entreprises peuvent se dire ‘tant qu’on ne vient pas vérifier chez moi, je ne fais rien, et je changerai quand on me le dira, c’est toujours ça de gagné’ », souligne Chris Blache. Punir les entreprises rétroactivement pourrait leur causer de grosses dépenses, et donc les inciter à se régulariser le plus rapidement possible. Quitte à fixer une date limite (par exemple au 1er janvier 2015) au-delà de laquelle elles seront obligées de rembourser le salaire des femmes dont le droit a été violé, même si elles se font attraper plus tard (2016, 2017, etc).
• Interdire les emplois à temps partiel de moins de 16 h
C’est un des points cruciaux dans le calcul des inégalités de salaire entre hommes et femmes. Comme ce sont les femmes qui occupent 80 % des temps partiels, cela crée un biais important. Si on supprime ce biais, la différence de salaire entre femmes et hommes tombe à environ 15 % en moyenne.
Pour Anne-Claire Mialot, secrétaire générale du Laboratoire de l’égalité, qui travaille sur ces questions, une des solutions serait d’interdire les emplois à temps partiel de moins de 16 heures par semaines :
« Si les femmes sont plus souvent à temps partiel, globalement elle vont gagner moins que les hommes, c’est un fait. Après, il faut rappeler que dans ce contexte économique, c’est une idée difficile à faire passer… »
• Travailler sur la mixité des métiers
« Il y a des métiers encore majoritairement masculins, comme dans les banques, les assurances. A partir du moment où on permettra à des jeunes femmes d’aller dans des métiers masculins, cela mènera vers une homogénéisation des salaires », confie Anne-Claire Mialot.
Selon elle, cela permettrait même d’aider autant les hommes que les femmes :
« Aujourd’hui, il y a des hommes au chômage à cause de licenciements dans des emplois industriels, qui ne s’autorisent pas à aller vers des métiers traditionnellement féminin, comme le ‘care’ ou le service à la personne. Cela leur permettrait de retrouver un travail. »
• Augmenter le nombre de places en garderie
Que ce soit dans les crèches, les garderies ou les endroits dédiés à la garde d’enfants dans les entreprises : les places manquent terriblement. C’est une chose sur laquelle le Laboratoire de l’égalité insiste énormément. Promouvoir les gardes d’enfants permettrait aux femmes de passer de temps partiel à temps plein, et donc d’obtenir un salaire plus élevé.
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