Flippés, les conservateurs du Rock’n’Roll Hall of Fame sont sur leurs gardes. Cinq types pénètrent, tranquilles, le glorieux panthéon, puis se mettent à courir, à ruer tels des possédés. Sortent les lance-flammes, renversent les idoles, font fondre leur cire en une figure unique. Pourtant, beaucoup de respect pour les aïeuls chez les Hives. Veni Vidi […]
Flippés, les conservateurs du Rock’n’Roll Hall of Fame sont sur leurs gardes. Cinq types pénètrent, tranquilles, le glorieux panthéon, puis se mettent à courir, à ruer tels des possédés. Sortent les lance-flammes, renversent les idoles, font fondre leur cire en une figure unique. Pourtant, beaucoup de respect pour les aïeuls chez les Hives. Veni Vidi Vicious rendait déjà hommage aux parrains d’un autre siècle, au punk fameux qui les faisait rebondir dans le liquide amniotique. Tyrannosaurus Hives est une nouvelle dédicace à d’autres dinosaures : la muséification du rock se poursuit.
Mais si leurs amplis sont définitivement branchés (sur 11) sur une autre ère, les Suédois sont avant tout un groupe ludique, graphique, pour fêtes dégénérées, pour concerts pyromanes. Dans la musique, brillante, mais plus encore dans les costumes, la pose, la courbure des petits muscles fins de Randy Fitzsimmons. Impeccablement costumés et cravatés, sans cuirs graisseux, les Hives sont plus photogéniques encore que les Strokes, et leurs petites claques à répétition beaucoup plus drôles (le grand single Walk Idiot Walk). Ils savent faire fructifier l’héritage de l’héritage et épatent avec un garage punk-rock vintage et pétaradant, chromé et malin, plein de rutilants bolides des 50 s, 60 s et 70 s, tâchés de Who, de Stooges, de T.Rex.
Excellent, puissant et cocasse (Abra Cadaver), Tyrannosaurus Hives fleure bon la nitro, joue l’excès de vitesse continuel. Les années glissent sur eux et la vigueur juvénile reste, capable des plus beaux tubes (Two-Timing Touch and Broken Bones, les géniaux A Little More for Little You et B for Brutus) : c’est ainsi expulsés violemment du musée que les dinosaures rock, qui n’ont donc pas disparu, se portent le mieux.