Nul n’aura pu échapper cet été au terrifiant Despacito de Luis Fonsi.
L’inéluctable s’est produit mi-août, dans un minuscule café de cinq tables au nord d’une île grecque où les touristes ne s’aventurent pas en masse car, sur tous les BFMTV du monde, on raconte que des migrants venus de Turquie y accostent pour leur part à haut débit. On dit aussi que les tremblements de terre menacent de transformer les pierres tranquilles des villages de pêcheurs en Mossoul de la mer Egée.
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C’est dans ce coin paumé que j’ai eu à subir un dépucelage auditif et néanmoins fort tardif, l’assaillant de type portoricain ayant déjà eu raison de la virginité de plus de six milliards de tympans avant de s’attaquer aux miens. Oui, longtemps après quasiment la terre entière, j’ai entendu pour la première fois Despacito.
Despacito veut dire tout doucement, mais je l’ai entendue très fort, trop fort, dans des haut-parleurs qui dataient sans doute de Zorba le Grec et qui amplifiaient donc en grésillant ce supplice que j’avais pris tant de soin à m’épargner, et qui par surprise m’ajoutait à la liste de ses victimes.
Major Lazer, Justin Bieber et ton cousin alcoolisé
Depuis La Macarena, l’été est une saison favorable aux crimes musicaux contre l’humanité en provenance du monde latino, via des escales de synthèse qui finissent par faire douter des AOC, sachant que la même merde pourrait avoir été démoulée dans un studio de Molenbeek ou de Montreuil et pas nécessairement à Guaynabo.
D’ailleurs, ils l’ont tous braillée, cette vérole mondialisée. De Major Lazer à Justin Bieber, voire ton cousin alcoolisé qui regretta longtemps ce karaoké live sur Instagram où il aura transformé dans l’euphorie – et en raison de notions d’espagnol évaporées avec l’heure tardive – “Quiero respirar tu cuello despacito” en “Je veux te sentir le cul entre deux pastis”.
J’ignore si on doit en tirer gloire, mais l’album de Luis Fonsi (c’est le nom du coupable) est sorti en France le 16 juin, trois mois avant de polluer le reste de la planète. Il s’intitule Despacito & mis grandes éxitos. Je laisse à ton cousin le soin de la traduction.
Rien à dire, vive la rentrée !
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