Jusqu’au mois d’août, la musique du groupe Air accompagnera les visiteurs devant certaines œuvres du Palais des Beaux Arts de Lille. Le commissaire d’exposition Régis Cotentin nous parle de cette première édition de l’ »Open Museum », qui offre à des artistes contemporains la possibilité de réinventer les œuvres du musée.
Quel est le principe d’Open Museum ?
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Comme son nom l’indique, il s’agit d’ouvrir le musée à tous les grands créateurs d’aujourd’hui, et pas simplement aux plasticiens. On peut accueillir des musiciens comme Air, mais aussi des cinéastes, des cuisiniers, des créateurs de bandes-dessinées, des gens de la mode. Simplement des gens qui, pour le monde de l’art en général, sont tout aussi importants que les plasticiens, qui, eux, sont naturellement exposés dans les musées.
Est-ce fondamental de faire intervenir les artistes d’aujourd’hui dans les collections permanentes ?
Oui. Ce sont les expositions qui attirent le monde, les médias, l’attention en général. Ici au Palais des Beaux Arts, nous sommes riches d’une collection permanente qui malheureusement, par habitude, est moins regardée. Nous avons des richesses potentielles, et beaucoup de nos chefs d’œuvre attirent du monde à chaque fois qu’ils se déplacent dans des expositions à l’étranger. Donc on fait appel à des créateurs d’aujourd’hui pour remettre l’accent sur ces collections permanentes, pour donner ce musée comme matrice d’inspiration et outil de création, afin de générer une réalisation qui soit en accord avec l’esprit des lieux et celui des collections.
Pourquoi avoir choisi Air ?
Ce choix s’est imposé de façon assez évidente : la musique de Air inspire des images mentales, suggère une cinématographie imaginaire. On se souvient de la bande-originale de Virgin Suicides de Sofia Coppola, et de celle de Lost in Translation à laquelle ils ont participé. C’est une musique qui crée des images et stimule l’imagination. Or quand on regarde un tableau, on ne le regarde pas isolément, mais en attente d’autres tableaux qu’on va découvrir. Ici, le tableau s’inscrit dans un flux, relayé et amplifié par la présence de la musique de Air, qui seconde le parcours du visiteur.
Avec Air, l’idée était donc de faire rentrer la musique pop au musée ?
Oui, mais aussi de faire rentrer la musique tout court. D’emblée, il semble naturel et logique d’associer la musique classique à des collections d’art ancien. Mais le choc culturel est plus important quand on associe la musique pop, taxée pendant très longtemps d’être une sous-culture, à un haut lieu culturel. Cela peut donner envie à des personnes qui adorent la pop et le rock, et qui ignorent combien la peinture et la sculpture participent aussi de leur imaginaire visuel, de venir au musée. On entre dans une culture du présent, on ne regarde plus les œuvres comme du temps où elles ont été créées.
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