Avant un concert époustouflant au festival de Musilac, le duo de Justice a pris le temps de raconter les coulisses de leur nouveau live. Après « Woman », Gaspard Augé et Xavier de Rosnay glissent même les pistes de réflexion qui guident l’écriture de leur prochain album.
De mémoire de festivalier aixois, jamais un concert n’avait été aussi impressionnant visuellement. Ce samedi pour la 15e édition du festival Musilac, Justice, le duo français de la french touch, a proposé un show rythmé par un jeu de lumières de toute beauté.
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Sur une scène jalonnée de lacs et de montagnes, Gaspard Augé et Xavier de Rosnay ont déroulé le meilleur de leur discographie dans leurs traditionnels blazers cintrés. Au dessus d’eux, de gigantesques panneaux lumineux suspendus ont donné au public le sentiment de vivre une véritable aventure collective, à mi-chemin entre le cinéma et la musique.
Quelques heures avant ce concert, le duo de Justice a accepté de nous raconter la génèse de ce nouveau show.
Votre nouveau concert est impressionnant visuellement. Vous aviez déjà imaginé à ce dispositif lors de la conception de votre album ?
Xavier de Rosnay – Non, nous avons commencé à y réfléchir après la sortie du disque. L’idée était de sortir du standard des concerts électro avec deux mecs dont tu vois seulement le buste puisqu’ils sont coincés entre leur console et un écran LED géant. Même si nous n’avons jamais utilisé de vidéos, nous nous sommes rendus compte que jouer devant un écran, ça limite toujours la scène. Nous avons joué dans des festivals américains avec des scènes qui font 100 mètres de large et tu te sens tout petit. Tu n’es plus qu’une pastille au milieu du spectacle. On voulait donc sortir de cette tendance et en même temps avoir une scène qui bouge tout le temps et qui puisse se déployer. Les panneaux lumineux situés au-dessus de nous bougent au fil des morceaux et sont capables de couvrir la superficie de n’importe quelle scène.
Votre live est formaté pour de grosses salles ?
Xavier de Rosnay – Ce qui est certain, c’est que n’avons plus de limites d’espaces. Nous ne nous sentirons plus jamais tout petits sur scène (rires). Quant au système de LED qui rythme nos titres, il est géré par notre éclairagiste au fil du concert. Il fait tout à la main. Rien n’est programmé. Cette tournée de festivals permet de nous rôder avant les concerts en salles. Ca permet de vérifier que nous sommes au point.
A un moment du concert, vous concluez un titre en restant inanimés les bras en l’air. Vous êtes des adeptes du Mannequin Challenge ?
Xavier de Rosnay – Non, nous le faisions avant (rires). D’un seul coup, le temps est suspendu et l’on s’arrête de bouger et de jouer. Quand tu t’arrêtes en général, les gens crient un peu puis ça retombe. Une espèce de malaise commence à s’installer. Là, on continue à rester stoïque. On attend le second moment de malaise. Et puis la musique repart.
Gaspard Augé – C’est quelque chose que nous avions expérimenté depuis plusieurs lives et que l’on prend plaisir à refaire.
Et vous en prenez autant à vous jeter dans la foule comme de jeunes rockeurs?
Xavier de Rosnay – On le faisait aussi il y a dix ans. Mais on se jette pas dans la foule, on marche sur elle. C’est un truc que faisait Method Man en concert et que l’on a eu envie de produire. On le tente quand ça se passe bien. Quand le public est un peu mou, on ne prend pas le risque Dernièrement, on a joué en Suisse et l’ambiance n’était pas ouf. On ne l’a pas fait car on s’était dit qu’on allait se ramasser sinon (rires).
Ce concert rassemble des morceaux issus de vos trois albums dont chacun possède une ambiance assez différente. Comme arrivez-vous à relier tout ce corpus en live pour en faire un ensemble cohérent ?
Xavier de Rosnay – Sur scène, nous avons moins d’instruments donc nous sommes plus limités. Le concert est rythmé par les mêmes sons de batterie du début à la fin du live. Pareil pour les lignes de basse. On a quelques synthés mais on n’a pas un choix infini. Ce socle permet de donner la même fluidité à l’ensemble de nos morceaux. D’ailleurs pour quelqu’un qui ne connait pas très bien notre discographie, je pense que ce n’est pas évident de déterminer ce qui appartient au premier ou au troisième album. Nos périodes musicales se mélangent le temps d’un concert.
Gaspard Augé – D’ailleurs comme nous jouons des versions différentes de nos morceaux, l’ensemble est assez homogène. C’est un peu le même principe qu’un groupe de rock avec un batteur et un bassiste. Ils ne peuvent pas changer de son à chaque morceau. Tous les morceaux finissent par s’imbriquer.
Xavier de Rosnay – Finalement, la grosse différence entre nos trois albums, elle est dans le son plus que dans les morceaux. La façon d’écrire est plus ou moins la même mais c’est la prod’ qui évolue avec le temps. Mais lorsque tout est passé à la moulinette d’un live, tout redevient harmonieux.
L’idée de votre troisième album avait germé lors de la tournée du second. Vous pensez qu’il en sera de même avec cette tournée ?
Gaspard Augé – Oui, nous avons déjà des idées qui nous sont venues. C’est possible que ça nous fasse changer un peu de son pour le prochain album. Nous allons essayer d’être plus spontanés dans la manière de faire de la musique. En jouant nos morceaux en live, nous nous sommes rendus compte qu’il y avait plein de détails sur lesquels on attache beaucoup d’importance. Mais il y a sans doute que Xavier et moi qui nous nous en rendons comptes.
Xavier de Rosnay – Nos albums sont vraiment des disques de rats de studio. Il y a des milliers de détails dans chaque morceau. Tout est d’une précision d’obsessionnel compulsif et c’est vrai qu’aller en tournée, et faire les choses de manière spontanée, ça donne envie de conserver cet élan naturel en studio. Mais d’un autre coté, on prend cette résolution à chaque fois et on retombe dans nos travers.
Vous aviez déclaré que vous faisiez de la musique pour « pour faire pleurer en dansant ». Ca reste toujours votre leitmotiv ?
Xavier de Rosnay – Le triomphe pur en musique ce n’est pas très plaisant. Quand ça larmoie trop, c’est assez désagréable. Et quand on tombe dans une ambiance merguez et fêtes foraines, ce n’est pas agréable non plus. On cherche toujours le bon équilibre.
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