Clique + Inrocks = CliqueInRocks. Chaque semaine, Alexandre Comte scrute une personnalité sous toutes ses facettes – avec un entretien à lire sur Les Inrocks et un portrait à mater dans l’émission Clique sur Canal +. Aujourd’hui, rencontre avec le joueur du PSG Blaise Matuidi.
Je crois que pour vous tout a commencé au « terrain vert » de Fontenay-sous-Bois ?
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Blaise Matuidi : Oui ! J’ai commencé le foot à l’âge de six ans, dans mon petit quartier à Fontenay-sous-Bois, dans un coin qu’on surnommait le « terrain vert ». C’est très vite devenu une passion. Depuis tout petit je voyais mes deux grands frères jouer et je voulais faire comme eux. Je me suis donc inscrit dans le club de l’US Fontenay, tout en continuant à jouer avec mes copains.
Petit, quels joueurs vous faisaient rêver ?
J’avais la chance d’aller au Parc des Princes de temps en temps et à l’époque j’étais fan de Jay-Jay Okocha, j’adorais le voir jouer. Déjà tout petit supporter parisien, hein ! Le fait de vivre près de Paris, j’adorais cette équipe, j’adorais ce club.
Vous avez construit votre carrière patiemment et prudemment. À 14 ans, vous avez choisi de compléter votre formation alors que le PSG vous courtisait déjà. L’année d’après vous avez refusé une offre de l’Olympique Lyonnais pour intégrer l’ES Troyes AC…
C’était important pour moi de faire étape par étape, de ne pas me griller. J’avais des qualités mais peut-être pas assez pour aller tout de suite dans ces clubs- là. Je voulais aller dans des clubs qui me laissaient la possibilité de grandir et d’évoluer calmement, tranquillement. Et puis l’INF de Clairefontaine [ndlr : l’institut national du football], à l’époque, c’était quand même une des meilleures écuries, un des meilleurs centres de préformation, et ça m’a beaucoup aidé pour la suite.
C’est dur quand on est adolescent de s’imposer la discipline qu’exige le sport de haut niveau ?
C’est vrai que c’est compliqué de ne pas vivre ce que certains adolescents peuvent vivre à cette époque-là. Je pense que ce qui est le plus dur, c’est d’être loin des parents, de la famille. Mais on est malgré tout suivi au quotidien, ça m’a permis de bien grandir. Et puis mes parents me soutenaient beaucoup. Mon père travaillait à l’opposé de l’INF, je me souviens qu’il faisait des kilomètres pour venir me voir et me chercher. Ils m’ont toujours soutenu même si c’était difficile pour ma maman, d’autant plus que je suis le petit dernier… Perdre son petit dernier, au quotidien, c’était pas facile. Mais voilà, aujourd’hui on a récolté les fruits de tout ça.
Lorsque l’on touche les salaires que gagnent les joueurs de votre niveau, est-ce que ça devient plus difficile de rester le même ?
Je ne sais pas… Pour moi ça ne change rien. C’est surtout le regard des autres qui change. Mais en ce qui concerne ma famille et les gens qui m’aiment pour ce que je suis, il n’y a aucun souci, ils savent qui je suis, ils m’ont connu d’une certaine manière et je n’ai pas changé.
Et votre argent, vous en faites quoi ?
Mon argent… [Rire gêné]. Déjà j’ai des enfants, donc voilà j’essaye de nourrir mes enfants comme tout le monde. Et puis après… ça peut m’arriver de me faire plaisir de temps en temps, de faire plaisir à mes proches. Mais le plus important, comme je l’ai dit, c’est de nourrir ma petite famille. Et aussi de penser à l’avenir, parce qu’une carrière ça ne dure pas longtemps. Il faut savoir placer, et je suis bien entouré pour ça.
Vous avez une idée de ce que vous ferez après votre retraite footballistique ?
Sincèrement, je ne suis pas quelqu’un qui vit dans le futur. Mais c’est vrai que j’y pense, c’est pour ça que je place mon argent, etc, sans rentrer dans les détails ! Enfin surtout je vis le moment présent, je suis très heureux de ce que je vis en ce moment. L’après, j’aurai le temps d’y penser plus tard.
Milieu défensif, c’est un poste qui correspond à votre personnalité ?
Oui, je pense. Quand j’étais plus jeune, j’évoluais comme attaquant, j’aimais bien me dépenser… Mais je n’avais peut-être pas la vitesse suffisante. En étant milieu de terrain, on va dire que j’ai trouvé le juste milieu…
Un adjectif pour qualifier votre style de jeu ?
Je suis quelqu’un qui ne lâche rien. Et j’essaye de respecter les choses au maximum.
Vous avez envisagé un temps de jouer pour les « Antilopes Noires », l’équipe nationale de l’Angola ?
J’ai des origines angolaises auxquelles je tiens beaucoup, ma grand-mère et d’autres membres de ma famille vivent là-bas. Mais, au fond, j’ai toujours voulu porter le maillot des Bleus, le coq ça a toujours été un rêve pour moi. Aujourd’hui c’est devenu une réalité, et je suis heureux, je n’ai pas de regrets.
Vous êtes le président d’une fondation au Congo – pour la réinsertion des jeunes par le sport – et vous parrainez une association à Fontenay-sous-Bois, pour les jeunes également ?
Oui. J’ai une fondation au Congo pour aider les gens qui n’ont pas forcément la chance que nous avons ici, en Europe. Pour moi c’est important de pouvoir leur apporter ce soutien-là. Et je suis issu de Fontenay-sous-Bois, je veux montrer aux jeunes qu’on ne les oublie pas et leur donner certaines possibilités.
Vous avez gardé vos copains du « terrain vert » ?
J’ai gardé des amis bien sûr mais j’ai un calendrier assez chargé, avec des matchs tous les trois jours, donc c’est un peu compliqué de se voir. Mais on essaye de se soutenir mutuellement.
Le foot vous prend beaucoup de temps, mais quels sont vos autres centres d’intérêt ?
Mes deux enfants. J’aime m’occuper d’eux, passer du temps avec eux, d’autant plus que je ne suis pas souvent là à cause de mon calendrier chargé.
Et les jeux vidéo ?
[Sourire] Oui les jeux vidéo aussi… j’adore ! J’adore FIFA, FIFA 2014, voilà, je suis quelqu’un qui passe énormément de temps là-dessus aussi, c’est une petite passion. J’ai l’impression de vivre le match en vrai.
Marié, deux enfants. Le bling-bling, c’est pas trop votre truc ?
Non, je ne suis pas trop à-dedans.Ca m’arrive de me faire plaisir comme tout le monde, je pense que quand on peut avoir les moyens, tant que ce n’est pas dans l’excès, on peut le faire. Mais encore une fois le plus important c’est que les gens que j’aime soient bien.
Aujourd’hui, quels conseils donneriez-vous à un petit garçon ou à une petite fille qui voudrait devenir joueur professionnel ?
Déjà de travailler dur car le talent ne suffit pas, il faut toujours se remettre en question. Mais surtout de prendre du plaisir, parce que si on ne prend pas de plaisir, ça ne sert à rien.
Retrouvez le portrait de Blaise Matuidi dans l’émission Clique de Canal +, en replay ici. Ce samedi, c’est best-of : Mouloud Achour revient sur ses rencontres avec Kaaris, Brodinski, Pharrell Williams, Lil Wayne, We are from L.A., Elie Semoun et Vincent Cassel.
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