Après Black Diamond (“diamant noir“) et Mahogany Soul (“soul d’acajou“), voilà Stone Love, qui attribue à l’amour la solidité du roc, fait toucher la densité de celui auquel le cœur d’Angie Stone est enchaîné. Ainsi, dès le titre, la chanteuse entend informer le public qu’il va en avoir pour son argent, que le toc, le […]
Après Black Diamond (« diamant noir« ) et Mahogany Soul (« soul d’acajou« ), voilà Stone Love, qui attribue à l’amour la solidité du roc, fait toucher la densité de celui auquel le cœur d’Angie Stone est enchaîné. Ainsi, dès le titre, la chanteuse entend informer le public qu’il va en avoir pour son argent, que le toc, le surfait ou le seconde main ne seront jamais son rayon. C’est, plus qu’une promesse, une garantie sur musique, sur son caractère indémodable, son essence imputrescible.
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Car Angie Stone a toujours été du bon côté de la soul : du côté des sentiments. Elle est même la dernière à avoir rejoint le club des perdantes de l’amour, qui compte Millie Jackson, Aretha Franklin et Billie Holiday parmi ses membres les plus éminents. Toutes, à des degrés d’intensité divers, ont utilisé pour le meilleur ce que la vie leur a imposé de pire. En l’occurrence, une irrésistible attirance pour des hommes égoïstes qui trahissent comme ils respirent. Depuis sa rupture avec D’Angelo, les albums d’Angie Stone explorent une blessure. Celle laissée par cette relation où l’extase des premiers instants s’est diluée dans le doute, l’angoisse et l’amertume. Une trame si classique, si triviale, qu’Angie en a conçu ici une sorte de soul soap-opera où l’on peut suivre à travers douze chansons-chapitres ses péripéties de black Bovary.
Bien qu’on ne puisse parler de concept-album (comme pouvait l’être le Caught up de Millie Jackson), Stone Love tire un précieux bénéfice du double formatage. Chaque chanson enferme l’ingrédient d’un single (sinon d’un tube) potentiel. Leur enchaînement produit une dynamique qui fait notamment de la seconde partie un moment où le plaisir va crescendo. Savoir si elle est plutôt amazone nu-soul ou définitivement old-school a peu d’intérêt. Angie Stone est la seule du genre à éclairer l’histoire de cette musique d’une lumière résolument neuve. Ses meilleures compositions rappellent toujours quelque chose : son duo avec Tony Hamilton sur Stay for a While évoquera à coup sûr ceux qui unissaient jadis Roberta Flack et Donny Hattaway, sa rencontre avec Betty Wright sur That Kind un « instant hit » à la Marvelettes’
Mais traversées par une vérité intime et la sincérité d’une femme qui a sans doute dix ans de trop pour se mentir à elle-même, ces chansons lui appartiennent totalement. Stone Love est l’œuvre d’une amoureuse de l’amour, prête à tout donner, prête à souffrir. Dont la force affective peut tout transcender, la banalité des mots, la familiarité des harmonies comme la tessiture exquise, mais pas exceptionnelle, d’une voix, pour nous livrer le meilleur album soul de l’été.
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