Ce coffret réédite tous les singles de Blondie, avec chacun sa pochette originale. Ça tombe bien : ce qu’on a toujours préféré, chez Blondie, c’était les singles et les pochettes. Ces dernières jouèrent même un rôle fondamental dans la puberté du jeune Blanc occidental new-wave (1978-1982), en lui faisant désirer une blonde atomique qui atteignait […]
Ce coffret réédite tous les singles de Blondie, avec chacun sa pochette originale. Ça tombe bien : ce qu’on a toujours préféré, chez Blondie, c’était les singles et les pochettes. Ces dernières jouèrent même un rôle fondamental dans la puberté du jeune Blanc occidental new-wave (1978-1982), en lui faisant désirer une blonde atomique qui atteignait déjà, la cochonne, l’âge des mères des copains d’école. On regrettera juste, dans cette petite boîte à fantasmes indemnes, que le livret soit aussi pingre et rachitique : il est criminel d’avoir oublié la part de mythe autour de la pétroleuse Debbie Harry et de ses gandins de sidewalk, honteux d’avoir à ce point négligé ce passage à l’acte du pop art vers la pop.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Ne reste donc que la musique : c’est énorme, incomparable, fondamental dans l’histoire de la pop-music. Car comme Bowie ou même Madonna, le talent de Blondie aura été ces quelques mois d’avance sur l’époque, cette capacité à vulgariser ou à traduire pour le grand public les idées vampirisées en direct dans les undergrounds. Du punk-rock flamboyant amoché du CBGB au disco robotique en passant par le hip hop-pop naissant, Blondie aura ainsi parfaitement senti l’air du temps, quitte à lui souffler dans les bronches, en retour de prêt, un furieux appétit pour le refrain assassin : Dreaming, Denis, Heart of Glass ou Atomic symbolisent ainsi, dans leur urgence et leur liesse intactes, ces années où les groupes fonçaient tête baissée, sans calcul, sans le poids d’une industrie sur les épaules, sautant en quelques mois et en deux singles d’un style naissant à l’autre. Une époque d’effervescence et d’énergie où New York osait tous les métissages, toutes les partouzes. Depuis, il y a eu le sida et Reagan, et l’Occident est beaucoup moins drôle.
{"type":"Banniere-Basse"}