À l’aune d’une nouvelle affaire impliquant un conseiller de François Hollande, retour sur les scandales qui ont déjà rythmé les deux premières années du quinquennat.
Encore une affaire aux relents de corruption. Cette fois, c’est Faouzi Lamdaoui, le conseiller “égalité et diversité” de François Hollande, qui est accusé de recel d’abus de biens sociaux et de fraude fiscale. Lamdaoui aurait été “gérant de fait” de deux sociétés – Alpha Distributions et Alpha (devenue Cronoservice) – et aurait touché des rémunérations élevées, non déclarées au fisc d’après l’Express. Une accusation qui vient s’ajouter aux autres affaires qui s’empilent depuis que François Hollande est entré en fonction. Retour sur deux ans riches en évènements.
1. L’affaire Cahuzac
Soupçonné le 4 décembre 2012 par Mediapart de n’avoir jamais déclaré un compte bancaire en Suisse, Jérôme Cahuzac crie à la diffamation. Le lendemain, Mediapart publie un enregistrement datant de 2000 où une voix ressemblant à celle du ministre du Budget reconnaît posséder un compte à l’UBS. “Ça me fait chier d’avoir un compte ouvert là-bas, l’UBS c’est quand même pas forcément la plus planquée des banques », se plaint la voix. Déni, polémique. Le ministre dépose plainte pour diffamation. La gauche le soutient, son entourage hurle au complot.
Le 8 janvier, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour fraude fiscale. Ce sera l’occasion de démontrer la “complète innocence” de Cahuzac et les méthodes outrancières de Mediapart. Mais le 15 mars, la voix est identifiée comme étant la sienne. Quatre jours plus tard, le parquet de Paris ouvre une information judiciaire contre X pour blanchiment. Fragilisé, le ministre quitte le gouvernement, clamant encore son innocence. Le 2 avril, c’est fini. Cahuzac reconnaît les faits sur son blog. Quelques minutes plus tard, il est mis en examen pour fraude fiscale.
http://www.youtube.com/watch?v=tmIFZucAbRw
Coup de massue pour le gouvernement, dont la popularité décline déjà. Un projet de loi sur la transparence de la vie politique est adopté à l’automne, et une Haute autorité pour la transparence à la vie publique est créée. Mais les déclarations ne sont consultables que sur demande à la préfecture, et ne sont pas publiables. Le siège de député de Cahuzac, remis en jeu à Villeneuve-sur-Lot, est remporté par un UMP, le PS ne parvenant même pas à se qualifier au second tour. Une défaite qui augure la débandade aux municipales et aux européennes.
2. Le conflit d’intérêt d’Aquilino Morelle
Mi-avril, Mediapart publie une longue enquête accusant le conseiller présidentiel d’avoir été rémunéré 12 500 euros en 2007 par un laboratoire danois, Lundbeck, alors qu’il travaillait à l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). Dans la foulée, on apprend que le fils d’immigrés espagnols aime se faire cirer les chaussures en grande pompe, seul dans son bureau de l’Elysée. Morelle démissionne tout en affirmant n’avoir « commis aucune faute ». Le parquet financier de Paris ouvre une enquête préliminaire. Si la prise illégale d’intérêt est caractérisée, il risque deux ans de prison et 30 000 euros d’amende.
3. Le compte aux Caïmans du trésorier de campagne de Hollande
En plein scandale Cahuzac, Le Monde révèle que Jean-Jacques Augier, trésorier de François Hollande pendant la présidentielle, est actionnaire de deux sociétés offshore dans les îles Caïmans. Une pratique pas forcément illégale mais qui fait mauvais genre. Si l’homme d’affaires de 59 ans, à l’origine du rachat du magazine Têtu, a commenté sa participation à la société International Bookstores Limited, montée en 2005, il n’a pipé mot au sujet de la deuxième entité constituée en 2008-2009. « Ces deux prises de participation n’ont entraîné aucun avantage fiscal particulier ni en France, ni ailleurs », a fait savoir l’ami du président, autre comparse de la promotion Voltaire de l’ENA.
4. Les liens de Hollande avec René Teulade
Jugé en appel dans l’affaire de la Mutuelle de retraite de la fonction publique (MRFP), le ponte corrézien, René Teulade, risquait 5000 euros d’amende et 18 mois de prison avec sursis pour abus de confiance. La mort de Teulade en février aura épargné à Hollande de se présenter devant la cour d’appel de Paris où il était cité comme témoin. Le chef de l’Etat, dont Teulade fut le suppléant à l’Assemblée à la fin des années 1990, fut l’éphémère trésorier de Cause commune de 1984 à 1986, une association qui a laissé une ardoise de 156 860 francs dans les comptes de la fameuse mutuelle. Un cadre de la MRFP affirme avoir écrit à Hollande, alors premier secrétaire du PS, que certains administrateurs de la mutuelle bénéficiaient “d’un grand nombre d’avantages”. À commencer par le logement occupé par René Teulade, à côté du bureau de François Hollande. Le président a nié avoir connaissance de ces avantages.
5. L’affaire Dalongeville
L’affaire Teulade est arrivée au même moment que l’affaire des malversations de la fédération socialiste du Pas-de-Calais, où le chef de l’Etat a également été cité comme témoin par le principal accusé, Gérard Dallongeville. Ce dernier, ex-maire PS d’Hénin-Beaumont, a été condamné pour 18 détournements de fonds publics, 11 délits de favoritisme, 6 usages de faux et une corruption passive. Alors que Dalongeville a fait appel, ce qui lui a permis de se présenter aux municipales à Hénin-Beaumont, il assure que l’état-major du PS n’ignorait rien des combines de sa fédération. La justice a ouvert plusieurs enquêtes, dont les plus sensibles ne sont pas achevées.