Le DJ-star Erol Alkan détourne des trésors oubliés du rock psyché.
Label Third Mynd
Il y a une douzaine d’années, les cinglés du vinyle poussiéreux créèrent une musique nouvelle, le trip-hop, en assemblant des samples improbables (en général soul, funk et easy-listening) autour d’un beat hip-hop. Ce fut amusant un moment, il y eut quelques chefs-d’œuvre, avant que tout ça ne finisse en insipide musique de bar. Mais les maboules qui écument les vide-grenier à la recherche de compilations de krautrock espagnol, d’un single oublié d’Aphrodite’s Child ou de l’unique album de l’enfant prodige qui chantait les tubes des Beatles à l’envers sont toujours là. Ils se nomment Andy Votel, Cherrystones, Dirty Soundsystem, Pilooski, Quiet Village ou Beyond the Wizards Sleeve. Formés du DJ star Erol Alkan et de Richard Norris de The Grid, ces derniers illustrent à merveille la démarche de cette nouvelle génération : on ne fait plus du neuf avec du vieux mais du faux vieux, du vieux amélioré. Le matériau d’origine (désormais plutôt folk, prog, psyché ou exotique) n’est pas dépecé et reconstitué mais remixé, réédité pour lui donner la patine, le mystère, le goût du trésor caché.
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Sur Ark 1, qui compile l’ensemble des maxis du duo, des chansons étranges et inconnues sont rhabillées en chefs d’œuvre, mais impossible de savoir où commencent les originaux et où finissent les ajouts. Ark 1 est cependant moins une démonstration de génies du séquenceur qu’un grand voyage vers les frontières de la musique. On entend des langues inintelligibles, des instruments indéfinissables, du rock venu d’ailleurs. C’est surtout la preuve que grâce au net, au MP3 et à l’acharnement de tels passionnés, il n’y a plus de genres, plus d’époques, plus d’étiquettes… Juste un immense réservoir de tubes où piocher les yeux fermés et les oreilles ouvertes.
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