Pour une nouvelle tentative de remise sur raï du père putatif du genre, celle-ci est plutôt réussie. Avec la voix inspirée de Saïd Bentata, la trompinette pop-raï de Bellemou fait remonter en nous les images de ces années de l’Algérie avant la guerre, encore insouciantes même si elles n’étaient pas toujours très gaies. Dans le […]
Pour une nouvelle tentative de remise sur raï du père putatif du genre, celle-ci est plutôt réussie. Avec la voix inspirée de Saïd Bentata, la trompinette pop-raï de Bellemou fait remonter en nous les images de ces années de l’Algérie avant la guerre, encore insouciantes même si elles n’étaient pas toujours très gaies. Dans le genre chaud et froid, Bellemou a connu d’autres périodes plus contrastées encore. C’est au sein d’une fanfare on ne peut plus province française, entre deux épisodes noirs de la guerre d’Algérie, que le jeune Messaoud Bellemou apprendra à engouffrer le souffle de l’Algérie algérienne dans une trompette française. Voilà pour l’héritage pied-noir du raï. Avant de rencontrer Jean-Jacques Goldman (via le Aïcha de Khaled), depuis les années 60 ce blues rural de l’Oranie se frottait à des sons venus d’ailleurs fanfares et mélodies andalouses ont préparé la génération des chebs moustachus à utiliser les synthés pour lancer l’aventure qu’on connaît. Ce disque est la bande-son de l’ambiance des matchs de foot, des fêtes populaires de l’Oranie profonde, des assommoirs du bled où l’on s’asseyait sur le cageot plein de bières qu’on allait vider, du socialisme spécifique et néanmoins électrique remis à jour, sérieusement relooké en la personne du nouveau président algérien Bouteflika, ancien de ces temps-là et néanmoins premier président issu du terroir raï. Comme il n’y a pas que la nostalgie dans nos vies, Bellemou et Bentata reprennent aussi un des tubes du nouveau raï post-Hasni, Neddiha gaourioa de Cheb Hindi, qui fit son petit effet il y a deux trois ans. Et comme le raï, entre-temps, s’est délocalisé, ce CD a été enregistré et mixé à Paris sous la houlette du duo imparable de la musique mondialisée Weber/Amar. Mais voilà : c’est un beau son, bien meilleur que tout ce qu’a enregistré jusqu’à présent le vieux Bellemou, et Allah sait combien il en a produit, mais manque l’impalpable… le feeling, l’impro, la pression qui oblige à des bidouillages qui ont fait toute la force du raï. Vieux débat, mais non encore tranché. On peut rêver : avec tout l’argent que ce disque va rapporter, Bellemou va pouvoir installer un studio au pays, à Ain Temouchent, et produire des merveilles numérisées. Inch’Allah.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}