Dans de nombreuses villes du pays, manifestations et grèves se succèdent, dans un climat de plus en plus violent.
#VaiTerCopaSim. Avec ce hashtag ironique (« il va y avoir la Coupe, si si »), les Brésiliens manifestent leur colère sur internet. Mais le vrai combat se joue maintenant dans la rue. Depuis plusieurs mois, manifestations et grèves des services publics se succèdent et s’intensifient particulièrement depuis plusieurs jours.
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Un coût exorbitant
La liste des villes touchées est très longue : Rio de Janeiro, São Paulo, Salvador, Florianópolis, Serra, pour ne citer que les plus importantes. Ces derniers jours, chauffeurs de bus, de métro, fonctionnaires, professeurs, policiers, employés de banque ont fait savoir leur mécontentement en faisant grève.
En parallèle, des milliers de personnes manifestent contre le coût de la Coupe du monde de football, jugé exorbitant (plus de dix milliards d’euros) et la corruption qui mine le gouvernement.
A Salvador da Bahia, dans le Nordeste, la grève des chauffeurs de bus pour un meilleur salaire a bloqué la ville pendant 24 heures, le 27 mai. Aucun bus ne circulait et beaucoup étaient garés au milieu des avenues, créant des embouteillages inextricables. Le résultat de cette grève exemplaire est décrit par le journal Globo, comme un « chaos », qui a « empêché près d’un million de personnes de se rendre à leur travail ».
Au même moment à Brasilia, une manifestation contre la Coupe s’est vue renforcée par la présence d’Indiens d’Amazonie qui réclamaient la protection de leurs terres. La confrontation avec la police s’est terminée par une blessure d’un des agents avec une flèche lancée par un des manifestants.
Répression policière
Sans être toujours aussi folkloriques, les heurts avec la police sont nombreux et souvent violents. Pour Fabio Iorio, professeur de journalisme à l’université de Rio: « la police traite les manifestants comme s’ils étaient des terroristes. » Les médias relaient cette image négative des manifestants, et notamment la Globo, plus gros média brésilien, régulièrement accusée de corruption et à l’indépendance vis-à-vis du politique souvent mise en doute.
En réalité, le mouvement n’est pas neuf. Il est la continuité de celui de l’année dernière, durant lequel des millions de personnes avaient manifesté à travers le pays contre l’augmentation des tarifs de transport en commun. Mais, selon Fabio Iorio, « les manifestants sont beaucoup moins nombreux aujourd’hui. Beaucoup ont peur de la répression, les gens se sont fait arrêter, frapper, humilier. Il y a la milice aussi qui intervient. C’est très violent. »
En plus de couvrir les manifestations, la police intervient régulièrement au sein des favelas pour continuer le processus de « pacification » entamé en 2008 à Rio. Lors de leurs interventions, nombreuses sont les victimes collatérales. A la fin du mois d’avril, Douglas Rafael, un jeune danseur qui travaillait pour la Globo a trouvé la mort dans une fusillade entre la police et des trafiquants, alors qu’il essayait de se mettre à l’abri des balles. « Il arrive des cas comme ça tous les jours. On a beaucoup parlé de celui-ci, parce qu’il travaillait à la Globo et que c’était compliqué de le faire passer pour un trafiquant. Mais des gens meurent tous les jours dans les favelas, » analyse Fabio Iorio.
Quand ce n’est pas la police qui fait régner une justice sanglante, ce sont des groupes de citoyens qui s’en prennent aux classes plus populaires. En avril dernier, un groupe de jeune issu d’une favela de la zone nord de Rio a organisé un événement facebook pour sortir dans un centre commercial. Effet boule de neige, une cinquantaine d’adolescents débarquent pour flâner et faire les boutiques. Se sentant menacés, des citoyens les ont attaqués et un des jeunes a fini attaché à un poteau et torturé pour l’exemple.
A quinze jours exactement du début de la Coupe du monde, les victimes des protestations se font toujours plus nombreuses. « Même si les grèves et les manifestations ne sont pas faites par les mêmes personnes, elles sont spontanées et vont aller en augmentant », prophétise Iorio. Les élections présidentielles de la fin de l’année ne vont pas apaiser le climat.
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