Les Nuits de pleine lune mettent l’émergence à l’honneur avec des concerts bourrés de jolies découvertes. Présentations.
C’était le 9 mai dernier, vers minuit à Montreuil, dans une chouette petite salle qui visiblement s’appelle Le Chinois : quelques dizaines de personne s’excitent devant The Hunt, duo electro ou plutôt… « analog horror disco ». Car ici, les groupes se définissent eux-mêmes dans leur musique. Avant The Hunt, on a ainsi croisé Jonny Teardrop et sa « harsh pop », Iñigo Montoya et son « electro sauvage », puis Surfer Rosa et son « cold punk/grunge ». Joli programme.
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Depuis quelques mois maintenant, Les Nuits de pleine lune envahissent Paris et ses alentours avec une idée simple : découvrir de nouveaux groupes, puis les faire monter sur scène en s’adressant à tous (le prix de l’entrée ne dépasse pas les 5 euros). Quand on rencontre les mecs du collectif, on se dit qu’on est au début de quelque chose de cool. Romain Meaulard : « Pour l’instant on a un public de potes, pas encore un public de fans. » Guillaume Neumager : « Mais on commence à connaître de moins en moins de monde à nos soirées. C’est bon signe ! »
Biberonnés au Gibus
Presque dix ans déjà. Vers 2005-2006, une nouvelle scène rock émerge à Paris et enfin les ados peuvent vivre leur musique près de la scène, et pas seulement via leur premier iPod en écoutant les grands cousins anglo-saxons (c’est l’époque des Strokes, d’Arctic Monkeys, de Franz Ferdinand…). Le mouvement se cristallise alors autour des soirées Rock’n’Roll Friday, au Gibus, sous la coupe du magazine Rock & Folk. Et si BB Brunes et compagnie ont vite été ringardisés, à ce moment précis, pour certains, c’était quand même quelque chose. Romain :
« Quand on était en 3e dans notre banlieue, on était content de voir les affiches des Rock’n’Roll Friday. Des mecs à peu près de notre âge qui jouaient sur scène… on ne se posait même pas de questions, on y allait ! Et on se marrait bien. »
Un mouvement fugace, déjà observable depuis le terrain glissant de la nostalgie. Guillaume précise :
« Aujourd’hui, tout le monde se dédouane de ce mouvement, je trouve ça un peu dur. Ce ne sont plus des trucs qu’on écoute, mais il y avait une belle émulation. A cette époque, la musique, c’était la Star Academy dans la tête des gens… Mine de rien, cette scène, c’était des mecs qui aimaient la musique et qui avaient une bonne culture. Ça a été très éphémère, mais c’est pour ça aussi que c’était bien. »
Depuis, le public de ces soirées a grandi, s’est découvert de nouvelles passions, a légèrement recadré son esthétique. Les garçons à l’origine des Nuits de pleine lune ont retenu de cette première expérience rock le goût de la scène et de l’émergence, et l’envie de partager leur curiosité et leurs découvertes.
Direction l’avenir du rock
Contrairement à cette scène rock du milieu des années 2000, les groupes défendus ici s’inscrivent dans un contexte bien plus large : celui de l’émergence d’une nouvelle scène française. L’année 2013 ne restera-t-elle pas celle des premiers albums de La Femme, Granville, Juveniles ou encore Griefjoy ? Partout en France, la relève s’organise avec une ambition artistique durable.
Car contrairement aux BB Brunes, à Naast et autres Shades déjà oubliés, les jeunes groupes d’aujourd’hui ont l’intelligence de ne pas rester figés dans une vision statique et datée du rock. La pop, la new wave, la surf music et un large panel de sous-genres electro ont ainsi freiné la suprématie systématique des guitares. Romain :
« J’ai le sentiment qu’internet a pas mal fait son boulot. Toute notre génération a pu écouter beaucoup, beaucoup de choses différentes. Une culture beaucoup plus large et plus pertinente s’est développée. C’est à ça qu’on doit la qualité de la scène qui est en train de monter. »
Et même si Guillaume, lui, fait « gaffe avec le terme ‘scène' », c’est bien dans un vrai mouvement de cohérence que les jeunes groupes sont programmés aux Nuits de pleine lune :
« Globalement, on écoute tous plus ou moins la même musique. Beaucoup de garage et de rock psychédélique. Avec parfois des embardées vers la pop. On est ouvert. Et même si on a déjà fait des truc rétros, on est plutôt dans une recherche de sonorités nouvelles. »
Depuis le mois de janvier, Les Nuits de pleine lune ont déjà squatté La Mécanique ondulatoire, le Buzz et Le Chinois. Ce vendredi 13 juin, pour la dernière de la saison, c’est à l’Olympic Café que se déroulera cette séance de découvertes. Au programme : le « post punk expérimental » de Tohu-Bohus, le « proto-jazz/garage » d’Entracte Twist, le « garage/psyché » de Thee Maximators et l' »italo disco » de DJ Lemmings. On y sera, et vous?
>> Prochaine soirée vendredi 13 juin à l’Olympic Café. Plus d’infos sur l’event Facebook de la soirée.
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