Le premier disque du duo Toumani et Sidiki Diabaté, les amours latines de Quantic et le skank sensuel de Hollie Cook, c’est le tour du monde musical proposé par Louis-Julien Nicolaou.
Toumani & Sidiki, le dialogue dans la tradition
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Jeune homme de son temps, Sidiki Diabaté s’affiche ordinairement dans les clips du rappeur Iba One mais n’oublie pas d’honorer sept cents ans de tradition familiale en jouant de la kora, cet instrument dont son père Toumani est aujourd’hui le maître le plus éblouissant. Pour Toumani & Sidiki, leur premier enregistrement commun, les Diabaté ont choisi de revisiter dans un dialogue apaisé neuf compositions traditionnelles, auxquelles ils ont ajouté Lampedusa, saisissante méditation sur le drame des migrations africaines vers l’Europe. Irradiant une douce lumière, ce disque annonce un concert magnifique, le 10 juin au Théâtre des Bouffes du Nord.
La cuisine divine de Hollie Cook
Dans nos pâles latitudes, quand paraît un rayon de printemps, rien de plus naturel que de tendre son hamac pour écouter du reggae. Si votre Catch a Fire est trop rayé et que vous ne retrouvez pas votre Mystic Man, nulle raison de vous morfondre, Twice le deuxième album de Hollie Cook vient de tomber dans les bacs. Avec finesse et profondeur, la chanteuse y propose une cuisine toujours aussi divine : un reggae sophistiqué, une prod impeccable, un son vaporeux, des violons langoureux et ce qu’il faut de psychédélisme pour assurer le vol plané. Hollie Cook a tout est bon.
Boulpik, troubadours d’Haïti
Attachés à l’art des troubadours, les musiciens de Boulpik on si souvent joué dans la rue, les fêtes et les rassemblements que leur album Konpa Lakay semble avoir été enregistré depuis une fenêtre ouverte sur une cour, lors d’une chaude après-midi haïtienne. Influencé par le son cubain, chanté en créole, leur répertoire est mis en valeur par un artisanat original, deux banjos et une maniba (percussion à lamelles de métal) mariés à des tambours et claves. Un son roots qui est le parfait support du message de tolérance et d’espoir lancé par Franckel Sifranc, le “grand-père de tous les troubadours de Port-au-Prince”. A découvrir le 6 juin, dans le cadre du festival Musiques métisses.
Quantic en orbite
Si Will Holland a récemment quitté la Colombie pour New York, il n’en a pas fini avec ses amours latines. Dans Magnetica, le premier album en huit ans qu’il publie sous le seul nom de Quantic, le musicien et DJ anglais a ainsi mis sa science des musiques caribéennes, sud-américaines et africaines au service d’une electro obsédante, sensuelle et festive. D’un air de cumbia à un reggae siffloté, d’une mélodie éthiopienne de Dereb the Ambassador à une envolée soul avec Alice Russell, il nous fait accomplir plusieurs tours du monde avec le plaisir comme seul boussole.
Forabandit, bardes insoumis
Suivant la tradition des bardes turcs et occitans, le trio Forabandit ne sépare pas sa musique dure, virile, d’une poésie tamisée où couve une sourde rébellion, comme une mine creusée avec détermination à l’ombre de notre monde. Inspirés par la lecture de Baudelaire, Khayyam et Nietzsche, les dix titres de Port ont été bercés par l’infini retour des flots, la cinglante caresse des embruns et la solitude aride des quais déserts. Intrigante mais durablement séductrice, cette musique d’insoumis réclame la scène. Rendez-vous est pris les 22 et 23 mai, au Café de la Danse, pour des concerts couplés avec ceux, très attendus, de Kayhan Kalhor et Erdal Erzincan.
Le radif des Qajare par l’Ensemble Delgosha
Depuis la révolution de 1979, il n’est pas aisé pour les femmes de pratiquer la musique classique persane, moins encore de monter sur une scène. Pour explorer le répertoire tout de subtilité et de brillance de l’ère Qajare (1840-1920), le joueur de ney et directeur de l’Ensemble Delgosha Siamak Jahangiry a néanmoins fait appel à Pantea Alvandipour, chanteuse inconnue en Iran, mais spécialiste de ce répertoire. Les deux suites que comporte le disque Musique de l’époque qajare dévoilent une voix précise dans ses mélismes, au vibrato impressionnant. A découvrir, le 17 mai à l’Auditorium du Louvre, dans le cadre du Festival de l’Imaginaire.
L’agenda des concerts
Pour les amateurs de cumbia, c’est l’événement du mois, Celso Piña, le “rebelde del acordeón”, se produit à Paris le 28 mai à la Peña Festayre. Du 16 mai au 1er juin se tient dans la capitale le festival L’Afrique dans tous les sens qui, entre autres manifestations culturelles, propose des concerts de Habib Koité (au Centre Barbara le 16), Aziza Brahim et Tie & The Love Process (au Petit Bain le 28) et Tom Diakité et Kandy Guira (au Petit Bain le 30). Les 24 et 25 mai se tient à la Bellevilloise un autre festival pluridisciplinaire, Pèlerinage en décalage, qui réunit des artistes israéliens et palestiniens. Parmi les prestations musicales, on retiendra celles de Neta Elkayam, de Michel Sajrawy et du rappeur Saz. Enfin, on notera que, hormis pour la BD, il existe une raison de se rendre à Angoulême : le festival Musiques métisses qui se tient du 6 au 8 juin. Avec une première soirée alignant Family Atlantica, Winston McAnuff & Fixi et Ibrahim Maalouf, puis des concerts de Akua Naru, Boulpik, Debademba, Temenik Electric, Tamikrest et Mamar Kassey, toutes les promesses devraient largement être tenues.
{"type":"Banniere-Basse"}