Radio France a lancé hier son nouveau site musical, RF8. Pour toucher un public large, un seul mot d’ordre : une sélection ambitieuse et pointue, faite par des humains, pour des humains.
N’allez surtout pas dire à Joël Ronez que son nouveau site musical, RF8, est le petit frère de Spotify. “On n’est pas une plateforme de musique!” tonne le directeur des nouveaux médias de Radio France. RF8, c’est “une offre de radio, qui se transporte dans l’univers du web”. Une rencontre, autrement dit, entre la Toile et l’artisanat sonore.
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Prendre un internaute par la main
Dans le monde d’Internet, la sérendipité, qui n’est qu’un mot compliqué pour dire “découverte accidentelle alors qu’on cherchait autre chose”, régit le plus souvent nos découvertes sonores. Mis en ligne hier, le site RF8 propose tout le contraire. Il met en avant des contenus éditorialisés, soigneusement choisis par les locataires de la Maison de la radio et de ses antennes. Y entrer, c’est accepter de se faire prescrire une cure musicale. “Vous êtes obligés d’avoir envie d’écouter ce qu’on va vous proposer”, résume Joël Ronez.
Flatter ses oreilles
La ligne éditoriale du site est diamétralement opposée aux suggestions automatiques, du type “vous aimez les Beatles? Vous aller aimer les Beatles!”, que délivrent Deezer et consorts à cadence industrielle. Aux algorithmes, RF8 préfère ses discothécaires, qui exhument des pépites parmi les centaines de milliers de vinyles, CDs, et autres archives musicales du groupe audiovisuel public. “Aucune base de données ne trouvera le point commun entre Elvis Costello et un quatuor de violoncelle”, explique Alexandre Lenot, responsable de RF8. « C’est ce qui fait notre force.”
Le produit d’appel de RF8, ce sont les playlists. Huit titres, ni plus ni moins. “C’est le chiffre parfait”, explique Nico Prat, qui anime l’émission Pop Corn sur le Mouv’. “C’est un format mini-album, qui exige un choix, une sélection, de la réflexion”. Thématisées, ces playlists correspondent à l’univers d’une émission de Radio France, à un sujet plus ou moins précis (à l’image de cette playlist qui tourne autour du ventre du danseur Eli El Adem, ou de la collection « Love, etc.« ), ou encore à une série télé. Ici aussi, la sélection est pointue. Vous ne trouverez donc pas de playlist « Hélène et les garçons » (dommage?).
Lui en mettre plein la vue
RF8 joue sur la notoriété de ses contributeurs, de Laura Leishman, instigatrice du Laura Leishman Project sur le Mouv’, à Sylvie Chapelle, qui présente depuis des années C’est du classique mais c’est pas grave sur France Inter. Le site invite aussi des artistes : Jeanne Cherhal, Rhume, les Temples ou Etienne Daho compilent eux-même leurs titres préférés.
Mais chez RF8, on n’écoute pas seulement la musique : on la donne aussi à voir. On l’enrobe, au moyen d’archives sonores et numériques, et de contenus journalistiques. Reportages, interviews et « grands formats », véritables webdocs musicaux, sont à l’honneur. A voir sans tarder, celui sur l’album Prose Combat, grand classique de MC Solaar, réalisé en collaboration avec l’Abcdrduson.
Avoir le goût de l’innovation
L’esprit RF8, en somme, c’est défricher, prescrire, et surtout innover sans cesse. “T’écoutes quoi sur Spotify? » demande Joël. « Ce qu’écoutent tes amis, et des trucs d’il y a dix ans. Nous, on propose la découverte ». Le site ne boude pas pour autant les bases de données musicales : les utilisateurs peuvent d’ores et déjà écouter RF8 sur Youtube, et exporter du contenu vers Spotify. Quant aux concerts, ils ne sont pas en reste. Une section « Live », qui permettra de podcaster les concerts sponsorisés par Radio France, est prévue pour la fin de l’année. Pointu, RF8, mais jamais chiant.
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