Le festival This Is Not A Love Song proposait son cru 2014 le week end dernier à Paloma, Nîmes. Retour sur cette édition ensoleillée avec Sky Ferreira, Earl Sweatshirt, Cat Power, Jon Spencer Explosion ou encore Suuns.
L’événement : Jon Spencer Blues Explosion
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Près d’un quart de siècle que ça dure… Pourtant, les outrages du temps ne semblent pas atteindre la furie du Blues Explosion, qui est et reste la formation garage-rock la plus impressionnante encore en activité. Programmé la première nuit du Festival This Is Not A Love Song, le trio – que la programmation avait vicieusement embusqué en tête d’affiche – a administré une véritable tannée au jeune public nîmois, avec un set imbibé de gasoil, hurlant et dangereux. Merci.
La surprise : Rich Aucoin
Projet Glitch & Love, Rich Aucoin autotune de petits motto pop sur des boucles samplées, triturées, accélérées… Sa prestation scénique est une récréation, une grande messe barrée, qui convoque dans un même élan les choeurs d’Arcade Fire, les meilleures blagues de fails Youtube et surtout le public, largement associé à la fête puisque le canadien a passé une bonne partie de son set au milieu de la fosse.
Le voyage : Cambodian Space Project
Jeudi soir à Paloma, Nîmes se rapprochait de Phnom Penh… Groupe-hommage à la scène khmère des sixties, The Cambodian Space Project réuni autour de la chanteuse Srey Thy un combo de vieux roublards blues-rock. Le temps d’un set moite, distillé dans le Club de la meta-SMAC, la formation hybride a égrené les grands standards d’une scène aujourd’hui quasiment disparue, mais qui subsiste dans quelques bars à karaoké de la Capitale du Cambodge. Un live lumineux, entre volutes métisses et embardées garage.
La classe : Cat Power
Vraisemblablement coupable du sold out du vendredi soir, la présence de Cat Power sur la Grande Scène de Paloma a inspiré le même sentiment que son apparition en 2007 dans My Blueberry Nights de Wong Kar-wai : une vision vaporeuse, un charme infini servi par une voix tiède et capiteuse. La songwriteuse s’est invitée sur scène seule, pour un set en deux temps : au piano, puis à la guitare. Une étreinte chaude, parasitée par des galère techniques qui semblent avoir légèrement entamées le plaisir de la chanteuse sur les planches… Pas le nôtre en tout cas.
Le héros : Earl Sweatshirt
Berné par les chemisettes à fleurs, les artworks bariolés et son très jeune âge, on a souvent tendance à oublier à quel point Earl Sweatshirt est un rappeur sombre et flippant. Alors que la nuit tombait sur la scène outdoor du festival, le rookie du clan d’Odd Future n’a pas manqué d’administrer une piqûre de rappel toxique au public nîmois : Whoa, Hive et Chum, trois des hits de son album Doris, claqueront sur des productions inattendues, alors qu’Orange Juice a résonné dans une version brouillonne, deep et culottée. Set morbide pour public enjoué : voilà tout le paradoxe et le talent d’Earl Sweatshirt, à peine 20 piges au compteur, et qui livrera fin 2014 son deuxième opus, Gnossos.
La déception : Sky Fereira
Sky Fereira est une sale gosse qui n’aura pas posé le moindre regard sur son public. Public de groupies un peu clairsemé certes, mais tout de même! La vision d’une poupée méprisante sur scène a fait ses preuves dans le rock, l’idée est même très agréable, mais le souffle créatif de la môme semble s’épuiser à sa seule attitude. Tubes – pourtant nombreux – à peine incarnés, voix poussive et backing band au bord de l’ennui… Avis du conseil : look et make-up = 10/10, reste de la presta = “doit absolument se ressaisir si elle veut intégrer la Rock Academy.”
La claque : Suuns
Propulsée par Zeroes QC en 2010, mise en orbite l’année dernière avec Images du Futur, la machine math-rock de Suuns posait sa puissante mécanique jeudi soir à Paloma. Rythmiques décentrées et jouissives pour mélodies ténébreuses… Le set des montréalais de Suuns (Zéro en thai) s’est déversée en une nuée binaire et hypnotique, pour se retirer soudainement, ne laissant apparaître alors qu’un résidus de festivaliers hagards, sous le choc mais heureux.
La photo du jour : Le Jardin Éphémère
3 scènes, un patio et surtout le Jardin Éphémère – chilling zone alter pour manger-boire-roupiller… En deux éditions, This Is Not A Love Song est parvenu à insuffler une vraie âme de festival dans le ventre de l’immense SMAC Paloma. C’est maintenant sûr, Nîmes tient son rendez-vous de l’été.
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