Et si la nouvelle prouesse présentée à l’International Magnetics Conference, une cassette 185 terrabytes, relançait la hype de la tape ?
Technologie et vieilleries font parfois bon ménage : Sony a dévoilé lors de l’International Magnetics Conference une cassette de 185 terrabytes au total. C’est-à-dire qu’elle peut contenir plus de 64 millions de morceaux, l’équivalent de huit millions de jours de musique.
On s’en doute, l’intérêt premier n’est pas d’en faire un nouveau baladeur (qui a vraiment besoin de millions de titres avec soi ?) et elle a d’ailleurs été développée avant tout pour du stock de données. Mais cet update du format cassette a au moins le mérite de revitaliser un usage quitendait à disparaître. Qu’en est-il de la cassette aujourd’hui ?
Inventée par Philips en 1963, la cassette inonde le marché de la musique à partir des années 80, lorsque Sony sort son désormais légendaire Walkman. Elle connait son âge d’or dans cette décennie (442 millions de copies vendues en 1990) et cohabite plus ou moins facilement avec le vinyle. C’est l’arrivée du Compact Disc qui lui portera un gros préjudice, avant que le mp3 lui mettra le coup de grâce. Pourtant en 2007, 274 000 copies étaient encore vendues, preuve que quelques marchés de niche résistent encore. Un format en vogue chez les diggers
Les diggers
Tout comme le vinyle, dans une phase de relative démocratisation (ses ventes augmentent mais ne comptent encore que pour quelques pourcentages du chiffre d’affaire globale), la cassette connait un regain d’intérêt tout d’abord du côté des diggers, ces chercheurs de pépites (musicales) et d’or magnétique (les cassettes). On citera par exemple l’initiative de Brian Shimkovitz : Awesome Tape Of Africa. « L’arrivée de la cassette en Afrique dans les années 80 a complètement tué le vinyle », explique Brian Shimkovitz dans une interview donnée à The Wire. « Elle a eu deux principales conséquences : faire exploser le piratage mais aussi permettre un enregistrement et une circulation de la musique beaucoup plus facile. »
Plus de trente ans après, Awesome Tape Of Africa , blog devenu label, utilise les outils digitaux pour vendre des cassettes analogiques. Une belle initiative qui permet de diffuser ces esthétiques et de rémunérer les artistes concernés.
Les nostalgiques-branchés
Certains labels recommencent à utiliser ce format. On peut les diviser en deux camps. D’un côté les labels qui l’intègre dans leurs plans de promotion, en jouant, comme avec le vinyle, sur la fibre de la rareté. Récemment, le groupe Breton a par exemple sorti un live en cassette à l’occasion du Disquaire Day. De l’autre côté, on a les labels intransigeants qui défendent une certaine esthétique en sortant l’ensemble de leurs artistes en cassette. Mirror Universe Tapes ou Erased Tapes, par exemple, divisent leurs sorties uniquement entre digital et tapes.
Loin derrière le vinyle, sauvé de l’oubli par les musiques électroniques avant de connaître un regain tous genres confondue, la cassette continue quand même de résister. Si d’un côté des avancées technologiques réveillent le formet (une cassette de 200 tetrabytes n’a rien à avoir avec celles qu’on trouvait il y a trente ans), de l’autre quelques labels défendent une esthétique DIY et parviennent à réveiller la nostalgie des amateurs des premiers jours. Si l’on suit cette logique jusqu’au bout, le Compact Disc aussi va finir par faire son grand retour. Rendez-vous en 2027