Deuxième album pour la chanteuse Anglaise : du reggae triste et beau. Rencontre pour évoquer ce qu’elle nomme sa « tropical pop » .
A 28 ans, Hollie Cook peut s’enorgueillir d’avoir réalisé le parfait doublé. Avec Hollie Cook, sorti en 2011, puis Twice, qui vient de paraître chez Mr. Bongo, la jeune Anglaise a réussi à élargir son auditoire jusqu’à la Jamaïque et à imposer son propre style au cœur de la musique reggae. Lascif et mélancolique, torride et romantique, sombre parfois sans jamais cesser d’être charnel, ce style qu’elle a justement baptisé « tropical pop » engendre de beaux fruits capiteux contenant ce qu’il faut de venin pour que l’addiction soit assurée. Pour autant, la jolie fille pétillante et très à l’aise que l’on rencontre ne paraît pas avoir pris un coup de chaud à l’ego :
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« L’expression ‘tropical pop’ est sortie comme ça, au milieu de mon blabla, reconnaît elle en souriant. Je voulais décrire ma musique d’une façon particulière pour engager les gens à l’écouter. Je ne m’attendais pas à ce qu’ensuite tout le monde me questionne à ce propos ! Je crois simplement que, par certains de ses éléments, ma musique n’est pas que du reggae. »
Avec le prodigieux Prince Fatty
Exploitant des sonorités qui débordent de la sphère caribéenne et s’étendent à l’Amérique du Sud, le nouvel album se distingue également par l’omniprésence des cordes, rarement utilisées en reggae. Des arrangements rendus possibles par Prince Fatty, producteur prodigieux auquel Hollie est liée depuis ses débuts en solo.
« Avec Prince Fatty, on a écouté beaucoup de musique psychédélique brésilienne des années 70 et on a essayé de recréer certaines de ces ambiances. Quant aux cordes, on s’est simplement dit : ‘Pourquoi pas ?’ Ce qui est génial avec lui, c’est qu’il n’y a pas de limites à ses possibilités. Les cordes ont donné une couleur différente, une autre atmosphère. »
Soyeuse et profonde, comme voilée d’une brume légère, la production de Twice est au service de chansons qui parlent essentiellement d’amour et ne font référence ni aux préceptes rastas ni à l’ego trip gangsta si souvent pratiqué aujourd’hui par les chanteurs jamaïquains. Née d’un père anglais (Paul Cook, le batteur des Sex Pistols) et d’une mère originaire de Sainte-Lucie (Jennie Matthias, choriste de Culure Club puis chanteuse des Belle Stars), Hollie n’a pas eu besoin de se convertir au rastafarisme pour venir au reggae.
« Mon père est un grand fan de cette musique, mais lorsque j’étais enfant, il ne m’en passait pas. Je l’ai plutôt découverte par moi-même, en écoutant Dennis Brown et Horace Andy. J’ignore pourquoi et comment, mais j’ai trouvé un chemin vers le reggae à travers la musique punk. C’est comme une synergie, l’énergie de ces deux musiques me paraît similaire. »
Dans le sillage des Sex Pistols ?
A l’âge de 19 ans, Hollie intègre les Slits, groupe féminin formé en 1976 dans le sillage des Sex Pistols, et dont les compostions se sont toujours nourries des révoltes punk et reggae. Une expérience décisive dont Hollie s’est rappelé à l’heure d’enregistrer Ari Up, le premier titre de Twice :
« L’intro de cette chanson a quelque chose de religieux. C’est un instant de célébration pour Ari Up. (la chanteuse des Slits, décédée en 2010 – ndlr) Celle que je suis aujourd’hui, ma façon de faire de la musique, tout cela aurait été complètement différent sans les Slits. »
Quand Hollie décide de voler de ses propres ailes, c’est elle qui s’adresse à Prince Fatty :
« Dès que je l’ai écoutée, j’ai tout de suite adoré sa musique. C’était vraiment spécial, rien de commun avec ce que j’avais entendu jusqu’alors. Alors je l’ai contacté pour savoir s’il voulait me rencontrer. Le premier titre que nous avons enregistré était Milk & Honey. On s’est éclaté… et on a continué. »
Bons choix et bonnes rencontres
Les bons choix, les bonnes rencontres, les bonnes décisions : la jeune femme donne l’impression de savoir parfaitement où elle veut aller et comment y arriver. Quand on lui suggère que Lily Allen devrait s’inspirer de sa tropical pop plutôt que de s’égarer dans des productions sans reliefs, elle déclare tout net qu’elle ne veut pas échanger avec elle et préfère garder sa musique pour elle. Les projets, d’ailleurs, ne manquent pas.
« Je vais faire un autre album. J’ai déjà des idées enregistrées. Je vais aussi travailler avec un collectif pour la télé… Mais oui, je veux d’abord faire un nouvel album – j’adore ça. »
Pour l’heure, ravie d’avoir un peu de temps pour découvrir Paris, Hollie part flâner. Avant de nous quitter, elle nous laisse sur une dernière vibration – positive évidemment :
« Je prends juste les aspects positifs partout dans la vie. J’apprécie la culture jamaïquaine, mais j’ai grandi à Londres, et je dois jouer le reggae à ma manière, continuer sur la voie qui est la mienne. De toute façon, je chante essentiellement l’amour… »
Et elle éclate de rire.
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