Certains dorment sur leurs lauriers de légende West Coast. Pas Crosby. Critique et écoute.
On serait en droit d’être surpris qu’à 72 ans, après cinquante ans de carrière, Croz ne soit finalement que le quatrième album de David Crosby sous son nom. Une parcimonie qu’occulte évidemment le rôle essentiel joué par le guitariste et chanteur californien au sein des Byrds ou associé à Stills, Nash et Young. Si David Crosby n’a jamais été un compositeur de l’envergure d’un Young ou d’un Stills, il n’a surtout jamais su se montrer prolixe que sécurisé en milieu collégial ou familial. Au temps de son premier album, le culte If I Could Only Remember My Name, il lui fallait la présence au grand complet de la “famille” des musiciens West Coast. Avec Croz, c’est accompagné de son fils James Raymond et de quelques solides soutiens que le vieil ermite moustachu daigne sortir de son antre.
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Comme figure de proue de cette génération de rockeurs californiens des années 60, hédonistes, idéalistes, ayant pris leurs rêves pour la réalité et beaucoup de drogue, Crosby a forcément des choses à nous dire sur l’époque actuelle. Mais, guère porté sur l’autoglorification nostalgique, et peu concerné par l’instruction d’un procès en déconfiture de l’Amérique contemporaine, ce disque est avant tout un moment de limpidité musicale et d’enchantement vespéral. La voix bien conservée, le sens mélodique encore alerte, Crosby signe là un autoportrait à la Rembrandt, sans rien cacher de son vieillissement, sans perdre de vue sa mortalité, sans sous-estimer la valeur qu’elle ajoute au temps qu’il lui reste (l’émouvant Time I Have). En cela, au terme d’une vie d’artiste bien remplie, l’ayant conduit au sommet mais aussi au trou (il a fait de la taule pour port d’armes prohibées et menaces sur la voie publique en 1985), Croz n’est pas loin d’être un petit miracle.
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