Théoricien de la bande dessinée, auteur et dessinateur, Scott McCloud a connu un succès mondial avec sa trilogie multi-récompensée, Understanding Comics. Les essais dessinés qui la composent – L’Art invisible (2000), Réinventer la bande dessinée (2002) et Faire de la bande dessinée (2007) – expliquent par le menu l’art séquentiel, son vocabulaire, sa pratique, les […]
Théoricien de la bande dessinée, auteur et dessinateur, Scott McCloud a connu un succès mondial avec sa trilogie multi-récompensée, Understanding Comics. Les essais dessinés qui la composent – L’Art invisible (2000), Réinventer la bande dessinée (2002) et Faire de la bande dessinée (2007) – expliquent par le menu l’art séquentiel, son vocabulaire, sa pratique, les techniques narratives ou encore les bouleversements apportés par la révolution technologique. A 54 ans, Scott McCloud revient à la fiction et se lance pour la première fois dans un roman graphique, ambitieux et complexe, Le Sculpteur.
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David Smith, un jeune artiste tombé dans l’oubli après un petit quart d’heure de célébrité, conclut un pacte avec la mort : pendant deux cents jours, il pourra sculpter absolument tout ce qu’il désire mais mourra à la fin de cette période. Non seulement ce superpouvoir ne va pas lui apporter la reconnaissance qu’il espère, mais l’échéance de sa mort va mettre un terme aux promesses de bonheur apportées par une toute nouvelle histoire d’amour.
McCloud brouille les frontières entre fantastique et réalité
Le Sculpteur traite finement de l’ambition, de la condition de mortel, de ce qu’accomplir sa vie signifie, de la famille – les émouvants et elliptiques passages sur les parents et la sœur de David. Scott McCloud brouille les frontières entre fantastique et réalité et laisse une belle place à l’interprétation. Narrativement et graphiquement, l’auteur applique à la perfection toutes ses théories. Perspectives et cadrages parfaits, détails signifiants, rythme totalement maîtrisé pendant les cinq cents pages de l’album : la construction du Sculpteur est brillante, fluide et trouve son apothéose dans les soixante tumultueuses dernières pages.
Mais malgré tout, même si Scott McCloud joue sciemment avec les clichés – son artiste exigeant, qui refuse les compromis du monde de l’art et croit au travail, n’hésite pas à trahir tous ses idéaux via le pacte –, les personnages et les dialogues sont souvent trop convenus, les situations trop appuyées, pour toucher vraiment. Et ce n’est qu’à la fin du livre, quand David est réellement confronté à la mort, que Le Sculpteur gagne en chair et en humanité.
Le Sculpteur (Rue de Sèvres), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fanny Soubiran, 496 pages, 25 €
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