Des étudiants de l’école française d’informatique Epitech ont conçu un dispositif de contrôle vocal, Vocalys, capable de se connecter à n’importe quel appareil électronique. Ça va faire du bruit.
Ode à la joie… “Bonjour, si vous voulez connaître nos tarifs, dites : ‘tarif’. Si vous souhaitez réserver, dites : ‘réserver’.” Raclement de gorge. “Tarif”. “Nous n’avons pas compris votre demande. Si vous voulez connaître nos…” Les balbutiements de la commande vocale resteront dans nos mémoires, au mieux comme une bonne blague, au pire comme un souvenir traumatisant qui, de rage, s’est soldé par la destruction totale et violente du téléphone. Nous articulions pourtant en veillant à détacher les syllabes, mais non, rien n’y faisait. On en était au point de se dire que cette nouvelle technologie ne fonctionnait que dans la science-fiction, comme pour ce bon vieux Tony Stark/Iron Man qui, lui, n’a aucun mal à discuter le bout de gras avec Jarvis, une intelligence artificielle bavarde qui obéit au doigt et à l’œil du héros. Ou plutôt à sa voix.
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Fini de cliquer ou de tapoter
Eh bien, cette technologie aussi est en passe de s’extirper du monde imaginaire pour envahir notre réalité. Fini de cliquer ou de tapoter en abîmant nos doigts fins d’humains modernes. Aux Etats-Unis, Amazon propose déjà un dispositif baptisé Echo, sorte d’enceinte pourvue de micros. Sur ordre vocal de son propriétaire, elle peut diffuser une chanson, donner l’heure et même… raconter une blague. Tout ça sans hurler et sans articuler à s’en décrocher la mâchoire.
Mieux, des étudiants d’Epitech ont conçu Vocalys,un système capable de se connecter à n’importe quel objet électronique qui répondra à n’importe quel ordre émis vocalement sans avoir à solliciter l’appareil : jusqu’à maintenant, il fallait prononcer un mot-clé pour réveiller le système. Ici, il suffit de dire :“Fais-moi un café” et la cafetière comprend que c’est à elle que l’on s’adresse.
Discuter avec sa machine à laver
En cours de développement, Vocalys pourrait se connecter à tout notre environnement électronique : frigo, four, télévision… On discutera avec sa machine à laver pour essayer de comprendre pourquoi elle ne nous a pas alertés de la présence d’une chaussette noire au milieu de toutes ces chemises blanches. On lui pardonnera en l’entendant formuler des excuses sincères. Le GPS, en plus de nous indiquer le chemin, nous fera la conversation pour tuer le temps.On s’épanchera sur nos tracas devant notre tondeuse à barbe, on murmurera des confidences à notre mixeur. Les psys perdront tout à coup de leur intérêt.
Mais alors quel vacarme ! Dans une époque déjà bavarde où le bla-bla-bla de la rue, les piaillements des salles d’attente, le brouhaha des open space et le bourdonnement télévisuel écorchent les oreilles, ce nouveau gadget risque d’éloigner encore un peu le moment où on nous clouera le bec pour goûter au silence. “On dit tout. Tout ce qu’on peut. Et pas un mot de vrai nulle part”, écrivait Beckett dans Oh les beaux jours. Ça n’ira pas en s’arrangeant.
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