Si à l’improbable nul n’est tenu, Les Paillettes s’y cramponnent pourtant comme à une barre de pole dance. Toujours au bord du gouffre, y sombrant parfois – mais n’est-il pas geste plus créatif que d’aller justement là où l’on peut tomber ? –, les huit performeurs de ce collectif queer militant renouent avec l’histoire importante, un peu oubliée […]
Axé sur les questions de genre, le festival Jerk Off offre depuis dix ans une alternative à la culture dominante. Cette année, ne manquez surtout pas le collectif queer militant Les Paillettes.
Si à l’improbable nul n’est tenu, Les Paillettes s’y cramponnent pourtant comme à une barre de pole dance. Toujours au bord du gouffre, y sombrant parfois – mais n’est-il pas geste plus créatif que d’aller justement là où l’on peut tomber ? –, les huit performeurs de ce collectif queer militant renouent avec l’histoire importante, un peu oubliée à Paris, du travestissement engagé, politique et furieusement drôle. Assassin quand il se doit.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Depuis trois ans, Catherine Cestlaque, Marie Jo Dassin, Jessica Triss, Djemilee Schuss, Mademoizelle Etienne, Géraldine Bebek, Jjia de la Bobeïsh, Mariska Stardust, toutes artistes amateurs et créatrices de leurs propres costumes, arpentent le canal Saint-Martin d’un bout à l’autre en se produisant soit au Point Ephémère avec un cabaret littéraire “Des paillettes dans…”, soit au Café de la Presse avec une forme burlesque, “la Kasbah Glitter”.
Toujours du côté de la différence, de toutes les différences
Qu’elles revisitent façon queer dans un show à chaque fois nouveau et unique les œuvres de Maupassant et Hugo ou bien qu’elles inventent des comptines pour enfants sur la prévention du VIH déguisées en anus, spermatozoïde et vit, l’humeur est la même, joyeuse, d’une gioia toute pasolinienne, pleine de rage et de fureur car toujours du côté de la différence, de toutes les différences.
Et elles ont du boulot ces braves drags en ces temps sombres où le pus des extrêmes déborde des caniveaux et se répand dans les urnes. C’est lors de la soirée de clôture du festival Jerk Off que Les Paillettes ouvriront leur saison d’hiver avec Des paillettes au pays des merveilles et en maison de retraite…
Un terrain de découvertes toujours renouvelées
Et c’est, mine de rien, que le festival Jerk Off fête cette année ses 10 ans, et ce avec la même exigence : sur le fil de la jeune création contemporaine explorant les questions de genre et la diversité des sexualités. Jerk Off est un terrain de découvertes toujours renouvelées réunissant pendant dix jours une douzaine d’artistes internationaux, tel le danseur transgenre iranien Sorour Darabi qui, dans Farci.e, expose son corps au genre dans la langue française ; ou le duo turc Biriken (Melis Tezkan et Okan Urun) qui explore le pouvoir de la nuit dans un monde marqué par l’absence d’amour, l’angoisse et la lutte avec I Shut down My Heart Until the Apocalypse (“J’ai éteint mon cœur jusqu’à l’apocalypse”).
Dans Call Me, le danseur-performeur costaricain Alejandro Flores joue avec son corps dans une ambiance proche de celle de Pink Narcissus quand la Marseillaise Mathilde Monfreux déploie sur scène trois tableaux inspirés du livre Sang et stupre au lycée de l’écrivaine féministe pro-sexe Kathy Acker.
Des Paillettes à une conférence sur la politisation du corps de la femme par Rachele Borghi, Jerk Off aime les grands écarts et c’est bien à l’aune de ceux-ci que l’on salue ces acrobates du genre. Hervé Pons
Festival Jerk Off Du 14 au 23 septembre, Carreau du Temple, Paris IIIe ; Point Ephémère, Paris Xe ; Galerie Dix9, Paris IIIe
{"type":"Banniere-Basse"}