Nichés dans les Grisons, les bains thermaux de Vals ont été réalisés dans les années 1990 par l’architecte suisse Peter Zumthor, lauréat en 2009 du prix Pritzker, le Nobel d’architecture. Pierre grise, design épuré, ce parallélépipède composé de plusieurs blocs à moitié enfouis dans la montagne est un chef-d’œuvre de sobriété. A l’intérieur, longs couloirs, béton, jeux […]
Entre polar et fantastique, L’Aimant se déroule dans les Thermes de Vals, en Suisse. Un lieu qui permet à Lucas Harari de déployer toutes les potentialités de sa ligne claire.
Nichés dans les Grisons, les bains thermaux de Vals ont été réalisés dans les années 1990 par l’architecte suisse Peter Zumthor, lauréat en 2009 du prix Pritzker, le Nobel d’architecture. Pierre grise, design épuré, ce parallélépipède composé de plusieurs blocs à moitié enfouis dans la montagne est un chef-d’œuvre de sobriété. A l’intérieur, longs couloirs, béton, jeux de lumière et d’eau renforcent l’imperturbabilité des lieux.
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C’est dans ce décor minimal et intrigant où eau, pierre et montagne semblent en harmonie que le jeune auteur Lucas Harari a choisi de situer sa première bande dessinée. On y découvre Pierre, un ami du narrateur, qui se rend à Vals en hiver pour enfin découvrir ce bâtiment sur lequel il a travaillé lors de ses études en architecture.
Hallucination ou réalité ?
Immédiatement, il est saisi par l’ambiance étrange de l’endroit, quasi désert, et s’interroge sur sa conception. Hallucination ou réalité, des portes apparaissent et disparaissent devant lui, des couloirs sombres semblent le happer et l’emmener au cœur de la montagne.
Ses rencontres avec des habitants de la région, qui colportent d’incroyables légendes, et avec un curieux historien de l’architecture français vont bouleverser non seulement son séjour mais aussi sa vie.
Une ligne claire, entre Hergé et Serge Clerc
Les thermes de Vals se prêtent magnifiquement à cette intrigue entre polar et fantastique. Leur architecture géométrique, leur minéralité, leur austérité, les bassins placides sont propices au mystère, et l’on adhère vite à l’obsession de Pierre pour le bâtiment.
Ses lignes pures et envoûtantes ont inspiré l’histoire mais semblent avoir aussi dicté à Lucas Harari son style graphique. Sa ligne claire, entre Hergé et Serge Clerc, à l’aspect vintage intensifié par une trichromie de couleurs froides, sied à merveille à la représentation de cette bâtisse au style si dépouillé.
Des réminiscences de Charles Burns – des noirs très encrés, des gros plans sur les corps… – amplifient le climat surnaturel de l’ensemble. Malgré des dialogues qui auraient parfois pu être affinés, L’Aimant est un récit captivant, insolite et bien mené, qui rend un bel hommage à un lieu hors du commun mais aussi à la montagne et à sa puissance tellurique. Anne-Claire Norot
L’Aimant de Lucas Harari (Sarbacane) 152 pages, 25 €
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