Plus de 800 pages, et encore : il ne s’agit que du premier tome et on ne compte pas les bonus postés sur internet depuis la sortie du livre. Après des années de silence, l’auteur de Rapport sur moi signe un projet hors norme. Le Dossier M se présente comme le récit méticuleux d’un amour avorté qui a dévasté […]
L’histoire d’un naufrage amoureux dans un roman – de 800 pages ! –à la construction inventive et sidérante.
Plus de 800 pages, et encore : il ne s’agit que du premier tome et on ne compte pas les bonus postés sur internet depuis la sortie du livre. Après des années de silence, l’auteur de Rapport sur moi signe un projet hors norme. Le Dossier M se présente comme le récit méticuleux d’un amour avorté qui a dévasté l’auteur il y a dix ans.
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Bouillier se souvient de la jeune femme – “M” –, reconstruit la genèse de cet amour et son ratage magistral, remonte dans l’histoire de sa vie afin de comprendre pourquoi cette fille a déclenché un tel cataclysme et répertorie les mille événements malheureux que le fiasco a provoqués, dont un suicide. En résumé, Le Dossier M est le monologue, non dénué d’humour, d’un atrabilaire misanthrope et misogyne qui se plaint de tout.
Le livre est organisé en parties divisées en niveaux
Le plus étonnant dans l’affaire est la construction du livre, sidérante. Ce n’est pas seulement que Bouillier opte pour une narration éclatée et non chronologique. C’est qu’il propose une autre façon de lire.
Car plutôt qu’en chapitres, le livre est organisé en parties divisées en niveaux, comme dans un jeu vidéo ou une arborescence de fichiers, chaque niveau ouvrant sur un autre selon une logique narrative interne, association d’idées ou d’hypothèses.
“Je n’en peux plus de l’unité fictive des livres”
Plus original, le narrateur invite parfois son lecteur à lire un passage dans une page ultérieure ou l’envoie sur ledossierm.fr consulter ce que l’on pourrait appeler l’augmentation du livre.
Grégoire Bouillier a mis en ligne des photos ou des extraits vidéo évoqués dans son récit (comme autant de pièces à conviction) mais aussi des extrapolations, différents états du texte, des rushes en quelque sorte. “Je n’en peux plus de l’unité fictive des livres”, avoue-t-il.
L’invention formelle n’est pas seulement un exercice de style, elle soutient et accompagne le propos autobiographique de l’écrivain. Et le lecteur s’y embarque, sans jamais lâcher cet énorme travail, en attendant la sortie du tome 2 en janvier 2018.
Le Dossier M (tome 1) de Grégoire Bouillier (Flammarion), 864 pages, 24,50 €
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