« Mais oui, prends-le, il te va bien. Il te fait un beau dos. Et un beau cul aussi, parce que ça t’allonge la silhouette.” Face à un miroir, Monia Chokri fait la moue, hésite. Tourne une nouvelle fois sur elle-même, un blouson en daim bleu nuit sur le dos. Malicieux, Xavier Dolan s’exclame : “Voilà […]
« Mais oui, prends-le, il te va bien. Il te fait un beau dos. Et un beau cul aussi, parce que ça t’allonge la silhouette.”
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Face à un miroir, Monia Chokri fait la moue, hésite. Tourne une nouvelle fois sur elle-même, un blouson en daim bleu nuit sur le dos. Malicieux, Xavier Dolan s’exclame : “Voilà l’origine de notre amitié : le meilleur ami gay. C’est toujours utile !”
De retour de Namur, où ils viennent de présenter Les Amours imaginaires, le deuxième film du Québécois, le réalisateuracteur et son actrice nous ont retrouvés à Paris dans un magasin vintage. Vintage, comme les fringues que porte Marie, le personnage interprété par Monia.
“Au départ, Xavier m’a dit qu’il avait envie qu’elle soit tout le temps en robe, expliquet- elle en regardant quelques manteaux en fourrure. Le vintage, c’est aussi très Montréal, les gens s’habillent beaucoup comme ça.”
Xavier surgit, un blouson rouge à la main et renchérit :
“Pour moi, le vintage sert à montrer la pluralité temporelle du film. Le problème d’amour dont il traite est intemporel, on gambade allègrement des années 1990 aux années 1960, des années 1950 aux années 2000. La musique a également cette fonction.”
De fait, la bande-son saute de Dalida à de l’electro suédoise plus pointue. “Monia et ses goûts musicaux m’ont énormément influencé, poursuit-il. C’est elle qui m’a fait découvrir The Knife et Fever Ray.” Et Indochine ? “Le groupe est culte au Canada. On a tous écouté ça ados”, se souvient Monia. “Et je trouve que les paroles de la chanson (Troisième sexe – ndlr) illustrent à la perfection les intentions silencieuses de la scène, ce qui se passe entre le trio”, ajoute Xavier.
Silencieux, Xavier Dolan l’est rarement. Volubile, le garçon ne tient pas en place. Une seconde, et le voilà reparti. Dans la boutique de la rue Tiquetonne, on a la sensation d’avoir basculé dans un autre espace-temps, d’être tout à coup soumis à l’énergie pop irrésistible qui traverse Les Amours imaginaires. Et les deux amoureux éconduits du film semblent aujourd’hui avoir trouvé chaussure à leur pied : Monia checke les sacs et les paires de bottes, dont elle est grande amatrice, tandis que Xavier s’affaire quelques mètres plus loin, concentré.
“Tu es dingue de m’avoir emmené ici ! J’ai envie d’acheter plein de trucs pour mon prochain film ! A l’époque de J’ai tué ma mère, j’achetais énormément. Dès que je vois quelque chose qui irait bien à un personnage, je prends.”
Il a déjà achevé l’écriture de son prochain film et le tournera l’an prochain. Le pitch : le soir de ses 30 ans, en 1989, un homme annonce à sa femme qu’il va changer de sexe après Noël, et lui demande de l’accompagner dans cette transition. Elle accepte.
“Ils ignorent alors qu’ils s’engagent dans une chute inéluctable, qui conduira à leur séparation et à plus dramatique encore”, prophétise Xavier.
Monia sera de l’aventure. Elle jouera Fred, la soeur d’un des deux protagonistes. “Une lesbienne arrogante, mal dégrossie. Le personnage qui fait marrer quand il arrive, l’inverse de Marie. J’adore ce registre”, confie la comédienne qui songe sérieusement à s’installer à Paris. “J’y ai déjà vécu quelques années. Là, je sens un intérêt de la part de metteurs en scène, mais je ne sais pas encore si on va me proposer des choses ou s’il va falloir que je passe des castings.”
Xavier réapparaît, les bras chargés d’imprimés flashy. Il a trouvé un blouson bleu pétard, incrusté de petites pièces de métal. Kitsch.
“Tu te souviens des années 1980, cette époque où les gens n’avaient aucun discernement ? Ça à l’écran, ça peut péter. Le problème, c’est si tu le portes dans la vie. Je pense que parfois ce qui est à l’écran doit rester à l’écran.”
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