Une journée aux formidables et longues Rockomotives de Vendôme, et une affiche réunissant Pete Doherty, Troy Von Balthazar et The Chap a suffit au bonheur de notre envoyée spéciale. Récit.
Pour restituer la 19e édition des Rockomotives de façon exhaustive, il aurait fallu passer une dizaine de jours à Vendôme, paisible commune de la vallée du Loir qui éclot tous les automnes à coups de riffs et de beats. Vu qu’on ne peut pas se résoudre à manquer une affiche qui réunit Peter Doherty et Troy Von Balthazar, on y a passé une journée et c’est toujours mieux que rien.
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Les réjouissances démarrent tôt dans l’après-midi dans le cadre improbable de la Chapelle Saint-Jacques. Si la prière a laissé place depuis une vingtaine d’années aux expos et aux concerts, on a quand même du mal à élever la voix ou à imaginer quiconque y beugler des « fuck » sur des brûlots à faire exploser les vitraux. Ça tombe bien : le premier artiste à grimper sur l’estrade qui remplace le chœur est le casqué Cascadeur, connu pour ses mélodies taillées dans la dentelle. Ex lauréat CQFD, le Messin estomaque de délicatesse derrière son masque de lucha libre.
Il laisse la place à Troy von Balthazar, qui lui aussi sait tutoyer les anges aux ailes brisées. L’orfèvre américain alterne les passages en solo ou en trio avec une guitariste et le batteur de Chokebore. Résultat : alors qu’on le sait capable de concerts fascinants, aussi farfelus que déchirants, celui-ci s’avère assez décousu. Il faut attendre les passages en solitaire pour retrouver ses fulgurances poignantes, comme lors du rappel, Wings, à faire pleurer les statues.
On ne s’étonne pas de retrouver Troy von Balthazar un peu plus tard parmi le public du Minotaure : on lui trouve décidément beaucoup de points commun avec Peter Doherty, ce côté troubadour imprévisible, ce mélange de fougue en groupe et de grâce en solo. Mais avant de voir l’enfant terrible du rock anglais, il faut d’abord patienter avec The Chap dont les pop-songs potaches n’ont pas froid aux yeux.
Deux mannequins de vitrine (un homme, une femme) sont disposés sur scène de part et d’autre d’un unique pied de micro. Quelques discrets Union Jacks ornent les amplis. Pas de doute : Peter Doherty est dans la place. Il démarre en trombe avec What a Waster, magistral. Il partage la scène avec cinq groupes aux styles très variés et le public est loin d’être conquis d’avance. Vite agacé par les bavardages et par son échec à faire reprendre les paroles à son auditoire, l’Anglais est d’humeur orageuse. Il s’illustre en piochant dans ses raretés (A Fool There Was, You’re My Waterloo), ainsi que deux titres où son compère Alan Wass le rejoint (Mocking Bird, Hired Gun). Il se rabat sur le vin rouge, détruit le mannequin masculin d’un coup de pied et entame les premiers vers de Fuck Forever. Et puis, lassitude ou exaspération, il s’arrête net, bafouille ses adieux et quitte la scène brutalement. Ça s’appelle filer à l’anglaise et ça laisse une désagréable sensation d’inachevé.
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