Chère Karine Le Marchand

Dans ce qu’il convient désormais d’appeler “l’affaire Penelope”, on n’a pas entendu beaucoup de voix pour voler au secours de l’épouse du candidat à cette ambition intime qu’est la présidence de la République française. Personne, ni un politique ni un psy, n’a d’ailleurs évoqué, même pour rire, le fameux “syndrome de Pénélope” qui consiste, à l’image de la femme d’Ulysse, à défaire consciemment ou non son propre travail.

            {"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
          

Il eut été futé pourtant d’avancer cette explication pour justifier l’absence cruelle de traces de l’énorme boulot abattu pendant tant d’années par cette femme si discrète, dévouée à son guerrier de mari, qui, par sacrifice, aurait humblement escamoté les preuves visibles de ces tâches herculéennes destinées à le faire roi.

Une intervention remarquée aux Grosses Têtes

Toi qui vis le plus clair de l’année au contact de la France paysanne sait mieux que quiconque combien l’effacement est une vertu propre à ces femmes aux hanches larges et aux mains calleuses, qui donnent des enfants gaillards et éteignent pas mal de leurs rêves pour que le mâle aille aux bêtes l’esprit tranquille et soulagé.

En résumé, si on en croit le vilain Canard déchaîné, Penelope Fillon aurait empoché 500 000 euros de l’Etat pour des services fantômes, et 100 000 euros de plus pour deux notules dans La Revue des deux mondes que n’aurait même pas voulu un bulletin paroissial en déshérence éditoriale, mais tout ça n’est que calomnie et injustice.

En tout cas, si on en croit ton témoignage livré aux Grosses Têtes (le melon que tu trimbales depuis que tu fais dans l’interview politique t’a précipitée de droit dans cette académie), on cherche des noises à une épouse “qui fait partie des femmes d’hommes politiques les plus actives”, ce qui avait pourtant échappé à tout le monde.

Des pâtes à la saucisse et des fonds publics

Toi qui as passé une journée chez les Fillon à parler de pâtes à la saucisse et de sourcils épais, alanguie et visiblement conquise par cet homme si droit et tellement moderne (il sait faire voler un drone, comme à peu près n’importe quel enfant de 10 ans), tu peux désormais confirmer que Penelope ne serait pas la feignasse sponsorisée que l’on nous présente dans la presse gauchiste.

“Elle a participé activement à l’élaboration de son portrait, as-tu révélé. Et je sais que pendant quarante ans elle le soutenait beaucoup dans la Sarthe, elle collait des affiches, elle était super active.” 

Franchement, je vais te dire un truc, KLM, si un jour je meurs de soif dans le désert et que je cherche une gourde, je saurais désormais qui appeler. En trois phrases, et en voulant bien faire, t’as ruiné toute la défense de celui dont tu te targuais il y a peu d’avoir grandement contribué à faire gagner la primaire de droite.

On parle d’emploi fictif, d’utilisation de fonds publics à des fins personnelles, de népotisme abusif, et toi t’arrives avec des talons hauts au milieu de cette gadoue médiatique et tu éclabousses avec un manque de précaution flagrant ceux que tu souhaitais protéger. Heureusement que tu as réussi à rendre sympathique Marine Le Pen, sinon on pourrait te soupçonner d’être de gauche.

Je t’embrasse pas, j’ai pas cette ambition intime.