Associés, ces motifs outrageux font exploser le symbolisme classique des vêtements imprimés.
La jeune femme ci-dessus semble bien sage, mais sa tenue raconte le contraire. Son chemisier fleuri façon Flowers de Warhol et sa jupe à imprimés graphiques noir et blanc chatouillent les goûts conventionnels par leur mariage insoupçonné.
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Les motifs ne se mélangent pas, la demoiselle le sait bien, sa mère ne cesse de lui répéter. Pourtant, là, prenant la pose dans la dernière collection Marimekko, maison finlandaise papesse de l’imprimé, elle ose défier les règles lourdes de l’élégance occidentale.
Color block
Il existe un nom pour cette alliance des contraires : le print blocking, ou l’assemblement de motifs retentissants, devenus explosifs par leur proximité dans un même look.
Les plus modeux d’entre vous se souviennent peut-être du grand frère de cette mode, le color block, lancé il y a quelques années par la marque scandinave Acne. Celle-ci rassemblait plusieurs teintes éclatantes et a priori interdites par les manuels du chic (chocolat et bleu Klein, rouge camion et rose bonbon). Ainsi, d’une palette classique surgissaient de nouvelles règles.
Fusion des cultures d’aujourd’hui
Aujourd’hui, nombre de griffes s’essaient à l’art des imprimés coquinous. Kenzo fusionne graffitis, faux logos et références à des dessins animés vintage pour raconter une nostalgie enfantine et embuée.
Koché imagine des superpositions d’impressions trompe l’œil de denim, pixels ou sequins pour narrer le flou grandissant entre vie en ligne et existence tangible, entre streetwear et luxe – devenu l’ADN de son label de couture urbaine. Quant à Marc Jacobs, il remixe des notes preppy, rave et grunge, comme un miroir de la fusion des cultures d’aujourd’hui.
Repenser la relation entre mode, classe sociale et exotisme
Marimekko, la marque héritage, est dirigée par Anna Teurnell, ancienne directrice artistique du label & Other Stories. Elle évoque souvent sa “passion à remanier des archives existantes vers de nouveaux récits”.
Si chaque imprimé porte une histoire codifiée – coloniale, genrée, ornementale, enfantine –, la proximité de ces codes anciens et souvent opposés fait sauter leur symbolisme premier. Le print blocking permet ainsi de repenser la relation entre mode, classe sociale et exotisme ; il rassemble pour mieux réconcilier.
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