Cela ne pèsera sûrement pas lourd dans son passif aux yeux de l’Histoire, mais Vladimir Poutine aura beaucoup abîmé l’aura du cinéma français. Après Alain Delon, Depardieu. Juste avant Bardot (qui traînait déjà pas mal de casseroles, mais semble ne vouloir jamais être en reste). Trois mythes français parmi les plus forts ternis, entre autres, […]
Cela ne pèsera sûrement pas lourd dans son passif aux yeux de l’Histoire, mais Vladimir Poutine aura beaucoup abîmé l’aura du cinéma français. Après Alain Delon, Depardieu. Juste avant Bardot (qui traînait déjà pas mal de casseroles, mais semble ne vouloir jamais être en reste). Trois mythes français parmi les plus forts ternis, entre autres, par une sorte de tropisme russe vraiment embarrassant. Considérons Delon comme un cas à part, puisque, d’une certaine façon, dans ses plus grandes heures comme dans les plus embarrassantes, il a toujours tenu un cap (très droitier).
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Ce qui est troublant chez Bardot et Depardieu, c’est de voir deux personnes finir par incarner le contraire de ce qui les a construits. Tous deux ont été porteurs d’idéal et d’émancipation (promesse puis réalisation d’une révolution sexuelle, surgissement d’un corps nouveau, qui obligent le cinéma à trouver des solutions de représentations nouvelles) et échouent sur les tristes berges de la misanthropie (les animaux plutôt que les humains pour l’une ; moi contre tous pour l’autre). Parce que nous avons follement aimé Depardieu, l’acteur bien sûr, mais aussi le personnage public durant les vingt premières années de sa carrière, on est gêné et triste de le voir dilapider ainsi son crédit d’admiration.
On est agacé aussi par les embardées d’injures inconsidérées que provoquent chez certains ses choix certes choquants. Et puis on a un peu peur pour lui. Parce qu’il y a quelque chose de morbide dans cette fuite en avant, cette façon de tout brader, cette animalité traquée qui ne s’encombre plus d’aucun surmoi. Comme si cette outrancière course à l’enrichissement n’était que la ruse d’un instinct de mort, devenue son plus sûr moteur.
Jean-Marc Lalanne
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