Comme ses concitoyens new-yorkais de Magnetic Fields, Baby Dayliner voue à l’évidence un culte intime et fervent à une certaine new-wave anglaise, aux puces électroniques sensibles, aux robots cœurs d’artichaut. Dans ces pop-songs mécanisées par des synthés vintage, on entend donc beaucoup de New Order, pour cette fragilité dans la rigueur, mais aussi les Smiths, […]
Comme ses concitoyens new-yorkais de Magnetic Fields, Baby Dayliner voue à l’évidence un culte intime et fervent à une certaine new-wave anglaise, aux puces électroniques sensibles, aux robots cœurs d’artichaut. Dans ces pop-songs mécanisées par des synthés vintage, on entend donc beaucoup de New Order, pour cette fragilité dans la rigueur, mais aussi les Smiths, pour ce chant voltigeur, exalté. Mais, instruit et culotté, Baby Dayliner ne se contente pas de la contrefaçon eighties, se souvenant aussi que Leonard Cohen n’eut parfois besoin que d’un clavier miniature pour installer ses histoires à rêver debout. Et comme il est aussi copain d’enfance avec le cérébral producteur hip-hop Blockhead, il est parfaitement au courant des déviances soniques qui agitent l’underground (l’étrange Shah with That). Comme si ce mélange n’était pas suffisant en soi, précisons aussi que ce crooner a également brûlé des cierges à Gainsbourg et Daft Punk. Autant de pistes qui se croisent, s’enlacent ou se toisent avec désir dans ce cabaret outrageusement romantique.
Car Baby Dayliner se révèle, sur cet album aussi souvent comique (le taillage de shorts des rappeurs de pacotille sur Hoodlums in the Hit Parade) qu’émouvant : le genre d’incurable sentimental sordide que la pop-music attendait depuis Pulp. Storyteller éloquent, il pose ici quelques vraies questions ? « Pourquoi est-il si dangereux de traîner sous le pont/Et pourquoi est ce toujours-là qu’on s’arrête pour s’embrasser ? » ou « Toutes ces chansons tristes que j’adore, pourquoi ne m aiment-elles pas ?« ?, avec cet air goguenard et mélancolique de ceux qui ont eu le courage de rire surtout d’eux et de l’absurdité de leur monde.