La fortune du Posies. Le quatrième album inégal des délicats Posies continue d’explorer la face cachée de Big Star. Et fait tache à Seattle. Royalement ignoré il y a trois ans lors de l’hystérique euphorie du grunge, le meilleur groupe pop de Seattle aura finalement eu sa revanche. Sur la foi d’un tube […]
La fortune du Posies. Le quatrième album inégal des délicats Posies continue d’explorer la face cachée de Big Star. Et fait tache à Seattle.
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Royalement ignoré il y a trois ans lors de l’hystérique euphorie du grunge, le meilleur groupe pop de Seattle aura finalement eu sa revanche. Sur la foi d’un tube énorme l’impeccable Dream all day , les boutonneux gobeurs de FM ont tardivement compris que les Posies pouvaient, eux aussi, bastonner leurs guitares en sautant au plafond et secouer en rythme leur tronche de Thémistecle chevelu. Depuis lors, les données du problème n’ont pas changé pour Ken Stringfellow et Jon Auer. A savoir : comment s’élever avec grâce et singularité vers la nébuleuse tant convoitée de Big Star (leurs vrais héros) ? Ou, en d’autres termes, comment allier le classicisme d’une pop forcément très millésimée avec un désir de reconnaissance personnelle ? Défi à nouveau relevé par ce Broken record dense et réfléchi, le genre de disque que l’on attend au tournant. De la tension contrôlée (Daily mutilation, Everybody is a fucking liar) à l’embellie généreuse de Precious moments, les gentils Posies alignent sucrerie sur sucrerie avec un brio variable. Tantôt quelconques, parfois excellents, jamais pénibles et toujours subtils des qualités trop rares au pays du heavy-metal lourdaud des Melvins et de Tad. Et puis, au fond, un groupe qui baptise un de ses morceaux Grant Hart (comme pour nous rappeler que les trois graisseux d’Hüsker Dü savaient aussi composer des mélodies à tomber) ne peut pas être foncièrement mauvais. Contre la puissance imbécile des tristes négociants en décibels, contre la brutalité sonore d’un certain machisme musical en débardeur et pantalon moule-burnes, contre la frime à deux balles, les Posies ont choisi le camp du raffinement et de l’écriture inspirée. Plus enclins, donc, à se gratter l’occiput pour marier harmonies et contrepoints qu’à zoner avec les Beavis & Butthead du coin. Broken record est à la fois un plaidoyer pour la délicatesse d’une certaine pop à guitares et un manifeste contre les primates. Ici, pas question de solo interminable ni de lyrisme de supermarché. The Posies contre Iron Maiden, en quelque sorte. Ce sera donc une cause entendue : ces gaillards-là ont d’ores et déjà gagné notre estime, même si l’on sait pertinemment qu’il ne faudra jamais compter sur eux pour changer la face du rock.
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