A un saut de République s’est installé le disquaire electro le plus éclectique de Paris. Venus de Rouen, Alex et Laetitia ont fédéré autour de leur magasin – et de leurs soirées – des artistes inclassables et les amateurs de techno transversale. Prochaine soirée le 28 juin au Rex.
Une petite rue dans XIe arrondissement parisien, une devanture presque anonyme. Derrière la vitrine du magasin se cache pourtant une des meilleures enseignes françaises, l’endroit parfait pour prendre instantanément le pouls de la musique électronique la plus vivace. A la fois pointu et accueillant, Katapult s’est imposé en seulement un an et demi comme le moyen le plus sûr de casser les cloisons et faire cesser toute querelle de chapelles.
De la house abstraite à la Isolée jusqu’à la techno la plus expérimentale en passant par le hip-hop non conformiste, les genres les plus éloignés sont, ici, voisins. La conséquence logique de l’indéniable largesse de vue des deux propriétaires, Laetitia et Alex. « Nous avons découvert la techno à la fin des années 80 et avons suivi toute son évolution. Si bien que l’on aime tous les styles et on tente de faire régner cet état d’esprit dans le magasin. Mais on n’a jamais renié le côté dur des raves« . Ce revigorant éclectisme, ces activistes pacifiques ont commencé à le défendre il y a cinq ans à Rouen. « Tous nos potes étaient dans le circuit DJ et devaient se mettre à cinq dans une bagnole pour monter à Paris et trouver les bons disques. On a donc décidé de les aider« .
Très vite, les activités s’enchaînent et s’additionnent : soirées, sortie de maxis ? sur Katapult et ses sous-divisions Karat et Brunch. Depuis l’arrivée à Paris de Katapult, une véritable famille musicale s’est constituée avec notamment les français Ark, Mr Oizo, Jennifer, Sextoy ou DJ Feadz. « Effectivement, il s’est créé un collectif de gens qui partagent les mêmes valeurs. Mais le cercle ne demande qu’à s’agrandir« , précise Alex. « Nous ne nous prenons pas la tête, cela me dérange que les gens soient flippés d’entrer chez un disquaire. C’est comme une boulangerie« . Katapult a réussi non seulement le mélange des genres mais aussi celui des gens. « Au début, on avait presque peur d’être trop éclectique, on nous disait que les travellers ne fraieraient pas avec les DJ fashion. En fait, tout le monde est prêt à partager des expériences« . L’exploit de ces passionnés tient aussi à l’absence de compromis. « On n’a pas cherché vraiment à plaire et ? finalement ? c’est ce qui a plu« , remarquent-ils.
On retrouvera sans doute cette orientation artistique qui fuit la vulgarité sur le premier album de Shalark ? entité composée de Ark et Shalom ? dont la sortie est prévue pour septembre. D’ici-là, le remuant fils de Jackie Berroyer sera une des têtes d’affiche de la soirée mensuelle du Rex, à côté d’un envoyé du label germain Perlon. « Depuis deux ans, les artistes allemands ont tout retourné. Cela nous a semblé naturel de faire connaître des gens comme Isolée ou Losoul que l’on suit depuis pas mal de temps. Comme il y a eu un engouement pour cette scène germanique, on a été catalogué comme son fer de lance en France. Mais si d’autres individualités émergent ailleurs, on suivra« .
Katapult, 10 rue Edouard Lockroy, Paris 11e
Ouvert de 12 à 21 h tous les jours sauf le dimanche.
Tel : 01 47 00 33 75
Soirée au Rex avec Ark, Feadz jeudi 28 juin. 50 FF