Entre punk-rock et dépouillement, le nouveau coup double de Ben Lee confirme l’éclosion d’un talent saugrenu. Drôle de petit bonhomme, ce Ben Lee. Expatrié d’âme, si peu australien dans sa façon (très américaine) de faire du rock. Prématuré certain : 17 ans à peine et déjà un nombre de réalisations discographiques à faire pâlir quelques […]
Entre punk-rock et dépouillement, le nouveau coup double de Ben Lee confirme l’éclosion d’un talent saugrenu.
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Drôle de petit bonhomme, ce Ben Lee. Expatrié d’âme, si peu australien dans sa façon (très américaine) de faire du rock. Prématuré certain : 17 ans à peine et déjà un nombre de réalisations discographiques à faire pâlir quelques vieillards de 25 ans. Tête brûlée et schizophrène insouciant : punk-rock et urbain avec ses fameux Noise Addict le bouillant album Meet the real you , ou bien campagnard et débranché avec ses petits enregistrements maison. Commençons par là : par l’excroissance solo, par la frénésie domestique un petit magnéto 4-pistes et quelques idées se croisent dans un joli foutoir , par ces sept titres déglingués offerts avec le morceau Away with The Pixies, extrait de son épatant album Grandpaw would. Là, loin des leurres de la technologie haut de gamme, Ben Lee se montre sous son meilleur jour, quasiment nu. Pour tout décor, les murs de sa chambre, qu’on imagine couverts de posters de Patti Smith et de Sonic Youth, et peut-être même des tortues Ninja et de Michael Jordan. Petites histoires de tourments amoureux, de journées au grand air et de vilains coups de soleil : rien de ce que Ben Lee conte ici n’est farouchement original. Et pourtant, étrangement, s’impose à nous l’impression de vivre une mutation en direct, une déchirure le passage à l’âge adulte ? , quelque chose qui ressemblerait à un concert MTV unplugged du têtard de Roswell. Ces chansons sont profondément humaines, mais la façon de les jouer ne l’est pas. Trop coupée du monde, trop larguée. Il y aurait des études soniques formidables à réaliser autour de ce disque exigu, de quoi occuper des ingénieurs acoustiques pendant quelques mois. Comment obtient-on un son de guitare aussi joliment laid ? Comment atteindre ce niveau de sécheresse vocale, cette absence définitive d’embellissement ? Comment, surtout, aboutir à l’essence on pense beaucoup à Chris Knox sans jamais se laisser aller à la négligence pue-des-pieds des tondus de la lo-fi ? Pourtant, attention : avant tel voyage, le novice aura le bon goût de passer par la case Noise Addict, projet nettement plus terrien du jeune Australien. Epaulé par trois moutards probablement aussi allumés que lui, Ben Lee fait ses classes, chante plus habilement et reprend fièrement le flambeau du punk-rock le plus mélodieux, le plus ardent, celui des Buzzcocks ou des grands frères Pixies. Des Pixies, précisément, qui ne sont jamais loin dans le décor et que l’on entend plus clairement sur 16, le mini-tube de l’album Meet the real you. Une chanson sur laquelle Ben Lee se permet d’ailleurs de déclamer, le front haut, qu’il faut s’estimer « heureux d’être encore en vie à 16 ans et d’enregistrer des disques ». Effronterie suprême : ce fichu marmot ne s’est même pas chopé la grosse tête.
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