D’abord promis au pilori, le rock de ce quatuor devenu malgré lui trio révise ses prétentions à la hausse. Là, on frôle le cas de conscience. Comment admettre que ce groupe autrefois médiocre, au son salement pompier et à l’imagerie aussi plate que rudimentaire, comment reconnaître que ce groupe-là a gagné avec le temps la […]
D’abord promis au pilori, le rock de ce quatuor devenu malgré lui trio révise ses prétentions à la hausse.
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Là, on frôle le cas de conscience. Comment admettre que ce groupe autrefois médiocre, au son salement pompier et à l’imagerie aussi plate que rudimentaire, comment reconnaître que ce groupe-là a gagné avec le temps la plus flatteuse des maturités ? Comment ne plus voir en lui que le cafardeux assemblage des clichés rock les plus éculés ? Comment s’abandonner à la force primale de son quatrième album, lequel ne fait finalement que mieux ressortir les carences dramatiques des trois précédents ? Simplement en admettant une bonne fois pour toutes qu’un groupe n’est jamais complètement condamné, qu’il reste mutant, en perpétuel devenir, aussi longtemps qu’il refuse de se figer dans ses maigres certitudes. Les trois survivants de l’aventure Manic Street Preachers le quatrième, le guitariste Richey Edwards, est porté disparu depuis un an ont cette qualité incontestable : ils doutent de tout et d’abord d’eux-mêmes. Longtemps on aura cru que ce mal-être affiché en caractères gras sur leurs pochettes, leurs photos et leurs visages était l’effet d’un misérable cynisme de marchands de tapis, le calcul imbécile de quatre rebelles en culottes courtes. On sait maintenant que les Manic Street Preachers, à défaut de crouler sous le talent, étaient prisonniers d’une naïveté à l’authenticité finalement assez attachante. On croit aussi comprendre que le passage obligé au format trio a redéfini les règles de leur existence artistique, forçant le groupe à mordre dans une réalité plus tangible, loin des fantasmes rock de son enfance. Le temps et les événements tragiques auront opéré chez les Manic Street Preachers la plus profonde des transformations, chassant les apparences et leur cohorte de tics puants solos de guitare et pauses lascives n’ont désormais plus droit de cité au profit d’efforts mélodiques plus rigoureux. Les chansons de cet Everything must go fier comme un coq ne rallieront pas à leur cause les partisans d’une écriture plus bouillante, plus immédiate, mais elles sauront séduire ceux pour qui l’application et la persévérance sont des vertus inépuisables. De la production avec prétentions spectoriennes au chant passionné du Gallois James Dean Bradfield, tout montre ici que les trois Manic Street Preachers ont soigné leurs effets, pas mécontents de s’afficher (enfin) en adultes fraîchement épanouis. Et si le sérieux de la copie fera parfois grincer les dents les noms de Simple Minds et de Queen circuleront dans le bureau du chroniqueur , on recensera assez d’élans fougueux et de richesses mélodiques pour faire figurer l’objet présent au rang des bonnes surprises du moment.
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