Du folk-blues halluciné qui donne envie de danser. Sur les tombes.
Ni backing-band illuminé de Nick Cave, ni groupe hirsute au service d’un folk des cavernes, les Cave Singers ont mal choisi leur nom. Car si l’on pourrait craindre un de ces duos folk hagards et guenilleux comme il semble en pousser, chaque jour, pour les besoins en BO bobo des pubs TV, dans les grottes des Appalaches, le duo de Seattle joue nettement plus sophistiqué et ambitieux. Dans sa cave, il y a des coussins et l’électricité – beaucoup d’électricité même dans cette production diaboliquement précise et dynamique, même quand elle simule la nudité. Comme tout le monde en 2008, le trio semble passionné par quelques anciens grimoires – Arlo Guthrie, Jackson C. Frank ou Gram Parsons – mais c’est avec un irrespect digne des Violent Femmes et une vigueur sonique inédite en ces terres feutrées qu’ils envisagent le folk. Comme chez leurs contemporains Akron/Family ou Pupils, c’est un folk au bord de la crise de nerfs, ample et affranchi, sans cesse tiraillé par des accords nerveux ou des arrangements oniriques, que jouent ces Américains. Halluciné et hypnotique, ce folk a dit merde aux sixties et aux dogmes MJC, il est punk dans son urgence, krautrock dans ses transes, blues dans sa noirceur, gospel dans sa ferveur : un sale état d’esprit parfaitement résumé par la vidéo inquiétante de Dancing on Our Graves. Sans foi ni loi, ces Américains dansent la Saint Guy sur la tombe de Dylan.
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