Souvent, les plus beaux disques sont aussi les plus mystérieux et les plus insondables. On en connaît une poignée, que l’on ose à peine écouter : chaque fois, on a l’impression vertigineuse de ne pas pouvoir en ressortir, tant chaque écoute est porteuse de découvertes, de strates nouvelles précédemment invisibles, littéralement inouïes. Les disques de […]
Souvent, les plus beaux disques sont aussi les plus mystérieux et les plus insondables. On en connaît une poignée, que l’on ose à peine écouter : chaque fois, on a l’impression vertigineuse de ne pas pouvoir en ressortir, tant chaque écoute est porteuse de découvertes, de strates nouvelles précédemment invisibles, littéralement inouïes. Les disques de Supersilent en font partie : chaque enregistrement distillé par ce groupe d’improvisateurs norvégiens, en activité depuis 1997, est une sorte de minicathédrale sonore, d’où l’on ressort légèrement désorienté et hébété.
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Ces jours-ci, le groupe sort son nouvel album, 6. On y entend des éléments désormais familiers : des craquements de vieux synthétiseurs, des frottements électroniques, des vieilles batteries aux tambours raclés et grattés de toutes parts, des boucles de bruits parasités par-dessus lesquelles flottent les bourdonnements sourds d’une trompette filtrée et enrichie à l’aide d’une armée d’effets préhistoriques. Le nouvel album voit ainsi le groupe s’éloigner de ses sonorités les plus abrasives et les plus violentes pour aborder des territoires plus délicats, proches de l’univers des bandes originales de film. Un cheminement qui pourrait s’expliquer par l’intrusion au sein
du groupe d’instruments nouveaux : orgue Hammond, Mellotron, tympani, piano à queue, qui participent à enrichir le son du groupe, et à en revitaliser la palette.
Ainsi, la pièce maîtresse du disque, 6.4, est une construction minutieuse qui commence par des murmures électroniques et se transforme en une messe céleste, remplie d’orgues réverbérés, d’ondes sonores cosmiques, d’échos turbulents de trompette. Dans ces moments-là, Supersilent se révèle comme un enfant bâtard et inspiré de Godspeed You! Black Emperor et d’Olivier Messiaen.
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