Le troisième album des Trash Can Sinatras complète avec panache une admirable trilogie de la discrétion. Parce qu’on s’est choisi cette mission qui en vaut bien une autre être les défenseurs acharnés des Trash Can Sinatras, ce groupe écossais que rien ne pousse pourtant objectivement à sortir du rang , on n’en finit plus […]
Le troisième album des Trash Can Sinatras complète avec panache une admirable trilogie de la discrétion.
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Parce qu’on s’est choisi cette mission qui en vaut bien une autre être les défenseurs acharnés des Trash Can Sinatras, ce groupe écossais que rien ne pousse pourtant objectivement à sortir du rang , on n’en finit plus d’aligner les arguments plaidant en leur faveur. Vus avec les yeux de l’amour, les Trash Can Sinatras emportent tous les titres, tous les honneurs. Meilleures mélodies, meilleurs textes, plus belles guitares. Prix du mérite, aussi, pour ces cinq garçons qui n’ont jamais renoncé pas même au pied de montagnes qu’ils savaient infranchissables et se sont toujours débrouillés pour vaincre des sommets de substitution, débarquant glorieusement là où personne ne les attendait. Ainsi sur I’ve seen everything, leur magistral deuxième album, conquête d’un espace laissé vacant dans l’Angleterre de 1993 celui d’une musique à la fois diablement humaine et terriblement orchestrale. Au moment de sortir la confirmation attendue de Cake, leur coup d’essai volontaire mais un peu maladroit, les Trash Can Sinatras auraient eu tout intérêt à muscler leur pop, à s’inventer des prétentions commerciales. Ils préféreront l’intimité boisée d’un disque construit pour la postérité, à défaut d’abriter le hit attendu par de plus ambitieux qu’eux. I’ve seen everything n’avait d’autre aspiration que d’être le compagnon discret de fins de soirées plus ou moins solitaires et c’est pour cette discrétion qu’on l’aimait. Que les Trash Can Sinatras aient guerroyé deux ans durant pour recouvrer la belle alchimie de leur gloire passée n’étonnera que ceux qui n’ont jamais goûté à Easy read ou The Perfect reminder. Deux ans d’un relatif surplace, soit bien peu pour livrer au final cet Happy pocket à la grâce intacte, au charme miraculeusement renouvelé. Là encore, le groupe du dépressif Frank Reader ne court après rien, sinon après cette fragilité de l’instant qui transforme les plus belles ballades How can I apply en tête en châteaux de cartes menacés. Pour parvenir à cette troublante précarité, ces cinq musiciens fâchés avec la frime sont prêts à tous les sacrifices, prêts même à ne pas jouer. Il n’y aura pas de batterie sur Unfortunate age ou I must fly, presque pas de basse sur une moitié de l’album. Et même la voix fourbue d’un Reader pourtant inspiré comme jamais saura se faire absente pour servir l’œuvre collective. De bout en bout, A Happy pocket stupéfie par son extrême richesse mélodique, la pureté de ses résonances, l’extraordinaire éclat de ses guitares qui chantent plus qu’elles ne jouent. Surtout, cet album détaché de tout referme cette boucle de l’effacement qu’aura dessinée, sans le savoir, le groupe le plus contradictoirement courageux de son époque.
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