On n’a jamais vu la tête des TV Personalities à Top of the Pops ou dans les encyclopédies du rock. Les honneurs, on les a réservés à leurs enfants, qui se sont reconnus eux-mêmes dans ces berceuses psychiatriques, dans ces pop-songs patiemment élimées au papier de verre. De Nirvana à Jesus & Mary Chain, de […]
On n’a jamais vu la tête des TV Personalities à Top of the Pops ou dans les encyclopédies du rock. Les honneurs, on les a réservés à leurs enfants, qui se sont reconnus eux-mêmes dans ces berceuses psychiatriques, dans ces pop-songs patiemment élimées au papier de verre. De Nirvana à Jesus & Mary Chain, de Primal Scream aux Lemonheads, tous ont reconnu en ce groupe cinglé la pierre philosophale d’une noisy-pop à venir un label s’est même bâti sur une admiration tenace pour les TV Personalities : Creation Records. Ils chantèrent la dérision comme personne: jamais tristesse n’avait été récitée sur un ton aussi guilleret. Pas à l’aise sur la longueur épuisante d’un album pas assez concentré, pas assez musclé , le groupe en profita pour offrir à l’after-punk anglais quelques-uns de ses singles les plus attachants, les plus tordus, les plus fondamentaux. D’abord Part-time punks, ritournelle apprise par coeur depuis 78, premier crachat dans la soupe punk, introduction idéale au monde absurde et émouvant de ces clowns tristes. Suivra alors une fameuse brochette de singles scandaleusement ignorés : Smashing time (80), l’époustouflant I know where Syd Barrett lives (81), Three wishes (82), How I learnt to love the bomb (86) ou Salvador Dali’s garden party (89). Des singles aujourd’hui introuvables, réservés aux musées jusqu’à cette compilation remarquable, rêvée depuis des années. Après cette période bénie et intouchable (le premier qui ose lever la main sur Where is Bill Grundy now aura affaire à ma nostalgie), le groupe passera d’habile caricaturiste de la pop-music, de l’Angleterre, des stars , à une éprouvante caricature, amuseur pathétique d’un cour sans miracle : seuls quelques fanzines dévots et une poignée de Japonais sourdingues attendent encore des étincelles de Dan Treacy. Une fin en eau de boudin qui ne saurait occulter ces moments de pure grâce où ils furent, sans que personne ne s’en aperçoive, le meilleur groupe du monde.
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