Incapable de se renouveler, l’ancien “meilleur espoir anglais” sort le même album pour la quatrième fois. Que ceci soit clair : si l’objet présent était le premier album des Charlatans, jeune groupe fraîchement débarqué d’Angleterre avec ses certitudes au ventre, nous tomberions certainement tous en pâmoison. Idéal, The Charlatans, dans le rôle du premier album […]
Incapable de se renouveler, l’ancien « meilleur espoir anglais » sort le même album pour la quatrième fois.
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Que ceci soit clair : si l’objet présent était le premier album des Charlatans, jeune groupe fraîchement débarqué d’Angleterre avec ses certitudes au ventre, nous tomberions certainement tous en pâmoison. Idéal, The Charlatans, dans le rôle du premier album révélateur. Des chansons faciles, qui battent du pied et oublient de se regarder le nombril, une production en rapport ? basique, chaude, claire ?, cinq musiciens en rangs serrés, sûrs de leur coup. Mais voilà, ce rock décérébré et volage, vaguement camé, n’est pas exactement tombé de la dernière pluie. Il a même pris un sale coup de vieux, cinq ans après The Indian rope, premier single qui, en son temps, en fit justement frémir plus d’un. Malheureux Tim Burgess : à 20 ans, il faisait rêver le monde du rock. A 26 ans, il a déjà l’air vieux, maigre loser courant désespérément après sa splendeur disparue. Elle peut être tellement injuste, la gloire, lorsqu’elle déserte ainsi les élus d’hier, lorsqu’elle retourne contre eux les artifices d’un succès envolé. Qu’il doit être intolérable pour ces cinq chic types de se voir bouder par la presse et le grand public pour les raisons (idiotes) précises qui, il y a encore si peu, faisaient d’eux le « groupe du moment ». Car Les Charlatans étaient Manchester ? finalement beaucoup plus que James, les Stone Roses ou Happy Mondays, tous formés avant le boom rock local, tous suffisamment robustes et singuliers pour échapper à l’emballage collectif sous étiquette Madchester. Ironie du sort : Les Charlatans, comme les cousins pauvres d’Inspiral Carpets, n’étaient même pas originaires de la grise cité. Quatre albums plus tard, Les Charlatans sont-ils perdus pour la gloire ? D’un groupe aussi profondément associé à un son, une dégaine, on était en droit d’attendre qu’il se dépasse, qu’il s’arrache, se fasse violence pour se réinventer. Raser les murs, abattre les fondations : la meilleure technique connue pour reconstruire sur des bases saines. Prisonnier d’une spirale musicale – la batterie avale la basse qui avale l’orgue qui avale la guitare qui avale la voix ? dont le groupe avait fait autrefois sa magnifique spécificité, The Charlatans n’apporte rien, ne retire rien, ne changera rien. C’est l’album péniblement plaisant d’un groupe dont, peut-être naïvement, on attendait beaucoup mieux.
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