En 96, les Cocteau Twins se mettent au gros hard qui tache et portent des bandanas rouges. Pardon ? Depuis qu’ils vivent dans un squatt en Pologne, les Cocteau Twins ne sont plus du tout les mêmes. Méchamment destroy, aujourd’hui, les parrains de la new-wave. Avec perfecto de cuir, bandana rouge et marcel à trous-trous. […]
En 96, les Cocteau Twins se mettent au gros hard qui tache et portent des bandanas rouges. Pardon ?
Depuis qu’ils vivent dans un squatt en Pologne, les Cocteau Twins ne sont plus du tout les mêmes. Méchamment destroy, aujourd’hui, les parrains de la new-wave. Avec perfecto de cuir, bandana rouge et marcel à trous-trous. Avec guitares à donf, solos de synthés et voix façon AC/DC. Evidemment, on serait tentés de mettre ce changement soudain de style sur le compte du recrutement d’un ancien Metallica à la basse et de l’arrivée d’un batteur autrichien de 2 mètres, mais ces aménagements ne suffisent pas à expliquer pourquoi Liz Fraser s’est fait tatouer un logo Quicksilver sur la joue gauche. Ni pourquoi Robin Guthrie et Simon Raymonde ont été vus sur scène avec Bad Religion, seulement vêtus d’un tout petit slip noir et de chaussettes de l’AC Milan… Hein ? Quoi ? Allez, cessons là le badinage imbécile. Leurs nombreux admirateurs le savent bien : rien n’a changé chez les inégalables et inégalés Cocteau Twins. Toujours blottis à Londres, dans leur petit coin de verdure, à quelques mètres des eaux troubles de la Tamise. Toujours prisonniers volontaires d’un son qui les a dépassés depuis longtemps. Toujours trois, soudés derrière une même et belle idée entretenue avec amour et obstination depuis déjà quinze ans. On nous dit que Milk & kisses est le neuvième album du groupe, mais il y a longtemps qu’on a cessé de compter. Leurs disques se suivent à une cadence assidue, souvent semblables, livrant chacun leur dose de manies agaçantes et d’éternelles et admirables répétitions. Ce qu’on cherche dans les albums du trio n’est pas le doux vertige provoqué par Portishead, ni même le lent recueillement auquel les Palace Brothers invitent. Il y a longtemps que les sensations fortes ont déserté les disques des Cocteau Twins, laissant le champ libre à cet envoûtant goût de déjà-entendu qui rassure et s’installe paisiblement dans le quotidien d’un auditeur réduit à l’abandon complet. Et même si l’envie de charrier ces rois du surplace est permanente, force est d’avouer que le charme familier de cet album pas neuf pour deux sous opère mieux que jamais. Les mêmes chansons, rondes et coulantes. Le même son, sans accroc ni fausses notes. La même grâce intouchable, toujours unique quinze ans plus tard. Rien à signaler, en somme. Et c’est très bien comme ça.