Et que devient le blouze ? Rappelons-nous, ce langage privilégié des esclaves noirs fut pendant un bout d’éternité le placenta nourricier du rock’n’roll. Toutes les figures majeures de l’Histoire y ont puisé leur sang et leurs idées sauf, c’est juste, les Beatles, occupés à inventer un autre monde, et le Velvet qui martelait de la […]
Et que devient le blouze ? Rappelons-nous, ce langage privilégié des esclaves noirs fut pendant un bout d’éternité le placenta nourricier du rock’n’roll. Toutes les figures majeures de l’Histoire y ont puisé leur sang et leurs idées sauf, c’est juste, les Beatles, occupés à inventer un autre monde, et le Velvet qui martelait de la country léthale shootée à l’héro Mais ceci est une autre histoire. Aux blancs la richesse et la gloire, aux noirs les médailles historiques. Cette arnaque faustienne prend fin vers 1977. Après les passages dévastateurs et successifs des Pistols et de Joy Division, l’herbe blues ne repoussera plus. Ce sont d’autres graines qui feront germer les Rem, Smiths ou Cure. Aujourd’hui, si l’on veut bien laisser les vieux maîtres claquer en paix, le choix semble se limiter entre (renvoi nauséeux) les remugles scolaires d’un Clapton englué dans la mélasse fm et (joie sans réserve) les relectures conceptuelles de Nick Waits et Tom Cave. Pourtant, si ces deux-là nous comblent, admettons qu’ils sont plus proches d’un Kurt Weill (la musique comme une Idée) que d’un Robert Johnson (la musique comme un appel de la Bête ). Treize années ont passé depuis 77 et c’est peut-être le bon moment pour réécouter du blues au pied de la lettre, cette musique restant très vivace, surtout dans les états de la Cotton Belt. Personne ne disposant du temps nécessaire pour défricher les discographies erratiques de ces gloires locales inconnues à l’est du Pecos (et de l’Atlantique), le petit label Sky Ranch s’en est chargé pour nous : de Sonny Landreth à Mike Bloomfield, de Duke Robillard à Ry Cooder, rien qui ne fasse avancer la Grande Pendule.
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Archives du n°25 (sept.90)
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