D’habitude, on comprend. Se rêver en clone de Lou Reed, en sosie de Morrissey ou en Dylan du pauvre reste la plus naturelle des ambitions rock acnéiques. Mais se prendre pour Jeffrey Lee Pierce, barrique de suif hululante calquée sur le Marlon Brando bouffi de Missouri breaks, ça laisse perplexe. David Eugene Edwards, grand manitou […]
D’habitude, on comprend. Se rêver en clone de Lou Reed, en sosie de Morrissey ou en Dylan du pauvre reste la plus naturelle des ambitions rock acnéiques. Mais se prendre pour Jeffrey Lee Pierce, barrique de suif hululante calquée sur le Marlon Brando bouffi de Missouri breaks, ça laisse perplexe. David Eugene Edwards, grand manitou des Sixteen Horsepower, revendique à corps et (surtout) à cri un grand-père prêcheur, du sang cherokee, une haine farouche du monde moderne dépravé et un amour immodéré du Gun Club. Pochette soignée, livret en pur gothique cambrousard américain, chansons morbides à la lisière du surf-punk et du hillbilly psychotique, instrumentation branquignole de rigueur (un accordéon acariâtre, le violon violent de Gordon Gano) : Sackloth n’ashes bénéficie d’une belle mise en scène dans le genre horreur esthétisante, Gun Club traumatisé par une immersion prolongée dans les pages les plus sanglantes de l’Evangile puritain. Mais s’infliger des harangues colériques et torturées qu’aurait pu signer le sinistre héros de Seven tourne vite au calvaire les fous du rock, on les préfère animés de pulsions sanguinaires moins voyantes.
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