Gare à vous : la piégeuse simplicité, la beauté profonde de ce folk doucement psychédélique, comme déconnecté de la marche des âges, fait pousser des ronces dans les oreilles et, dans le ciboulot, des herbes étranges, à fumer au coin d’un bûcher de Salem. Horn of Plenty est un drôle d’objet, inclassable : il est […]
Gare à vous : la piégeuse simplicité, la beauté profonde de ce folk doucement psychédélique, comme déconnecté de la marche des âges, fait pousser des ronces dans les oreilles et, dans le ciboulot, des herbes étranges, à fumer au coin d’un bûcher de Salem. Horn of Plenty est un drôle d’objet, inclassable : il est arrangé avec l’économie de moyens d’un Nick Drake, mais s’amuse dans un luxe d’idées, comme Animal Collective ou Why , à prendre tous les chemins de traverse possibles, à inventer des déviations improbables. La biographie du groupe parle de musique urbaine, de concassage de rock, d’electro, de folk et de jazz.
Mais si les morceaux lents et somptueux des deux Américains se forment dans la corruption des villes (Chicago et New York), ils constituent surtout un inquiétant raccourci vers l’ombre de forêts brumeuses, aux arbres diaboliquement noueux et inconnus. Grizzly Bear a pourtant la délicatesse de ne pas imposer ses fantômes : ce sont vos propres spectres, angoisses enfantines ou rêves de beautés, que vous croiserez au long de cet album tortueux et fascinant, doublé de remixes innombrables (The Soft Pink Truth, Efterklang, Final Fantasy, Castanets’) mais inégaux.