Sot en hauteur. Sur son deuxième album, A Maximum high, Shed Seven rêve de sommets impossibles. Maximum aïe ? Jusqu’à l’an dernier, York était surtout prétexte pour le touriste rock à une ou deux plaisanteries douteuses. Après quelques minutes à savourer des scones à la crème dans la petite ville médiévale, le fan en goguette […]
Sot en hauteur. Sur son deuxième album, A Maximum high, Shed Seven rêve de sommets impossibles. Maximum aïe ?
Jusqu’à l’an dernier, York était surtout prétexte pour le touriste rock à une ou deux plaisanteries douteuses. Après quelques minutes à savourer des scones à la crème dans la petite ville médiévale, le fan en goguette continuait sa chasse aux mythes vers Manchester, Liverpool ou Glasgow, villes autrement plus généreuses. Mais depuis Shed Seven, tout a changé. Depuis que les fougueux 45t Mark et Dolphin se sont payé quelques semaines d’éternité au sommet des hit-parades, tout le monde a entendu parler de York et de son fringant ambassadeur, Rick Witter, poids plume sexy en diable ce sont les filles qui le disent et voix de cador. Dans sa ville, le chanteur est désormais un véritable héros. On se souvient de lui bossant au supermarché Sainsbury’s du coin, jurant déjà que son heure de gloire viendrait. Il l’avait promis : avec le succès de son groupe de teignes, les couleurs de la fierté ouvrière brilleraient à nouveau. Comme Oasis à Manchester, Shed Seven allait devenir le plus fervent porte-drapeau d’une cité oubliée par l’histoire. Après de tels débuts et une telle adéquation entre un groupe et ses terres, personne ne sera surpris d’apprendre que Rick Witter et ses amis ont placé la barre très haut (trop haut ?) pour leur deuxième album. A Maximum high donc, pour dépasser les ambitions déjà vertigineuses de Change giver et assortir leur arrogance légendaire d’un vocabulaire de conquête. Chaque chanson le clame haut et fort Going for gold, Getting better, Magic streets , Shed Seven veut la gloire, tout de suite. Pour Shed Seven, mais aussi pour York. On sait le danger qui guette les gens trop pressés de s’imposer : on en a vu beaucoup se hâter bêtement sur le terrain savonneux du gros son rock, céder à la dictature des paillettes et du glamour de pacotille, ne plus jouer que des chansons à la pertinence atrophiée et troquer l’amour-propre contre la forfanterie. Sur une bonne partie de l’album A Maximum high, Rick Witter et les siens tomberont donc dans le panneau la tête la première. Là, sous nos oreilles, un groupe vacille, accuse le poids de la surcharge, doute de sa vélocité, cafouille sa pop Getting better, Magic streets, Falling from the sky. Grenouille se rêvant bœuf, Shed Seven rabâche machinalement ses refrains arrivistes. On pourrait en rester là, renvoyer Rick Witter dans son petit coin du Nord anglais. Mais le combat livré ici se joue en onze rounds et la petite frappe à la voix inusable arrache une demi-victoire aux points, modelant en fin de bataille quelques réussites improbables la mélodie plantureuse de Lady man, le luxuriant Going for gold, les arpèges félins d’On stand by et d’Out by my side. Là, lorsque Shed Seven cesse enfin de se rêver roi du monde et se contente d’être le meilleur groupe de York, son rock peut éventuellement séduire.